Carnets de l'Economie

La Sécurité sociale formera ses agents à la détection de mensonges




Anton Kunin
30/07/2019

La Sécurité sociale a lancé un appel d’offres pour trouver un prestataire qui formera ses agents à la détection de mensonges, révèle Le Parisien.


Une formation pour apprendre à déceler le mensonge

La fraude au prestations sociales est un fléau en France, et les choses n’ont pas l’air de s’arranger. Selon la Délégation nationale à la lutte contre la fraude, en 2017 les fraudes aux prestations versées par les organismes de sécurité sociale ont représenté 586,92 millions d'euros, dont 277,7 millions pour la branche maladie, 294,65 millions pour la branche famille et 14,57 millions pour les retraites. Pire, sur un an les montants en jeu sont en hausse de 7,46%. Afin de contenir le phénomène, la Sécurité sociale s’est donc décidée à former ses agents à… la détection de mensonges.

Sur la plateforme des marchés publics, les journalistes du Parisien ont déniché un appel d’offres passé par « L'Institut 4.10 », soit l’organisme de formation de la Sécurité sociale. Son intitulé : « Conception et animation de formation dans le domaine des techniques d'audition et de détection du mensonge ». À l’issue de cette formation, censée durer deux ou trois jours, les agents de la Sécu doivent « savoir déceler le mensonge dans les dires verbaux, les écrits et savoir décrypter le langage non-verbal ».

Pour lutter contre la fraude, les administrations échangent des informations entre elles

Cependant, il ne faut pas croire que la Sécurité sociale ne faisait rien pour lutter contre la fraude jusqu’ici. Parmi les outils à sa disposition, il y a tout d’abord le logiciel DOCVERIF. Par simple saisie du numéro d’un titre (carte nationale d’identité, passeport, titre de séjour d’étranger…), il permet de savoir si un titre présenté sous forme papier (original ou photocopié) avait été précédemment déclaré perdu ou volé. Une autre solution informatique, le 2D-DOC, consiste à sécuriser les pièces pouvant faire office de justificatif de domicile. Elle consiste à apposer sur le document un code-barres en deux dimensions, que l’on peut scanner pour vérifier en temps réel l’authenticité du document. Bouygues Télécom appose d’ores et déjà des 2D-DOC sur ses factures, tandis qu’EDF et ENGIE apposent des 2D-DOC sur leurs attestations de contrat, téléchargeables depuis les comptes clients.

Autre exemple des efforts entrepris pour lutter contre la fraude : la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) reçoit de la part d’autres administrations (notamment la Direction générale des finances publiques) des alertes sur des dossiers suspects. En 2017, 48% des alertes reçues ont abouti à une qualification en fraude. D’une manière générale, les alertes partenaires sont essentiellement efficaces pour vérifier la résidence effective en France, les informations relatives à la situation familiale, aux ressources ainsi qu’à la carrière.