Carnets de l'Economie

Antonio Filosa, l’Italien discret devenu patron de Stellantis




Aurélien Lacroix
28/05/2025

Le 28 mai 2025, Stellantis a officialisé la nomination d’Antonio Filosa au poste de président-directeur général (PDG), un choix stratégique qui marque un tournant dans la gouvernance du quatrième constructeur automobile mondial. À 52 ans, cet ingénieur milanais formé au Politecnico di Milano, jusqu’ici peu connu du grand public européen, incarne une nouvelle ère pour le groupe issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler Automobiles.


Un parcours industriel forgé dans les usines et les marchés émergents

Recruté en 1999 par Sergio Marchionne, figure majeure de la renaissance de Fiat, Antonio Filosa a construit sa carrière dans les rouages industriels et commerciaux du groupe italien, notamment en Amérique latine. Il y a démontré un talent exceptionnel pour redresser des marques en difficulté. À la tête de la région Amériques depuis 2018, Filosa a réalisé ce que beaucoup jugeaient improbable : il a propulsé Fiat au premier rang du marché brésilien, souligne Les Echos, avec une croissance de parts de marché spectaculaire, délogeant des acteurs historiques comme Chevrolet et Volkswagen.

Cette réussite dans un contexte complexe, fait de volatilité économique et de concurrence acharnée, lui a valu une réputation solide en interne. Il a su conjuguer une maîtrise pointue des opérations industrielles avec une lecture fine des attentes clients locaux. Son intervention a aussi renforcé la qualité perçue des produits, élément clé dans une région où la fidélité des consommateurs peut être fragile.

Une expérience américaine clé dans un secteur en pleine transformation

En novembre 2023, Carlos Tavares lui a confié la direction de Jeep, l’une des marques phares de Stellantis en Amérique du Nord. Ce poste stratégique l’a placé au cœur de la bataille pour la reconquête du marché américain, principal marché du groupe. Filosa y a dû gérer simultanément le déploiement de véhicules électriques, comme la Jeep Wagoneer S, et la pression sur les ventes traditionnelles, dans un contexte marqué par des fluctuations économiques, des droits de douane et une concurrence accrue, notamment asiatique.
Filosa se distingue aussi par son approche managériale contrastant avec celle de Carlos Tavares. Là où Tavares incarnait une discipline de fer et une rigueur parfois perçue comme sévère, Filosa apporte une vision plus humaine et collaborative, qui devrait favoriser la cohésion d’un groupe encore marqué par sa complexité interne. Ses qualités personnelles, mêlant ténacité sportive et passion pour les voitures traditionnelles (notamment les grosses cylindrées), renforcent cette image d’un leader à la fois déterminé et proche du terrain.

Un défi colossal à l’échelle mondiale

La nomination d’Antonio Filosa intervient à un moment critique pour Stellantis. Le groupe doit affronter des mutations majeures : accélération de la transition vers l’électrique, digitalisation des véhicules, contraintes environnementales renforcées, et concurrence internationale exacerbée, notamment de la part des constructeurs chinois.
Filosa devra piloter la stratégie globale du groupe pour renforcer la compétitivité industrielle tout en innovant dans des segments clés comme les SUV et les utilitaires légers. La gestion des chaînes d’approvisionnement, particulièrement fragiles depuis la crise des semi-conducteurs, sera également au cœur de ses priorités.










Décideurs

Antonio Filosa, l’Italien discret devenu patron de Stellantis

Bénéfice par salarié : quelles entreprises remportent la palme ?

Récession : le FMI révise ses perspectives mondiales sans activer l’alerte rouge

La situation de X : une plateforme au bord du gouffre financier








Découverte & Lifestyle


L'actu de la RSE