Carnets de l'Economie

Renault avertit sur ses résultats et chute en Bourse




François Lapierre
16/07/2025

Renault a annoncé le lundi 15 juillet 2025, après la clôture des marchés, une révision à la baisse de ses objectifs financiers pour l’exercice en cours. L’annonce a provoqué une chute immédiate de l’action du constructeur automobile, qui a cédé jusqu’à 17,28 % mardi matin à l’ouverture de la Bourse de Paris. Ce recul constitue l’une des plus fortes baisses journalières du titre depuis mars 2020.


Renault : objectifs 2025 revus à la baisse

Dans un communiqué publié lundi soir, Renault a indiqué viser désormais une marge opérationnelle aux alentours de 6,5 % du chiffre d’affaires annuel. L’objectif précédent, fixé lors de la publication des résultats du premier trimestre, prévoyait une marge opérationnelle supérieure ou égale à 7 %. Le groupe a également abaissé sa prévision de flux de trésorerie libre (free cash flow) pour 2025, désormais attendu entre 1 et 1,5 milliard d’euros, contre un objectif initial d’au moins 2 milliards d’euros.

Selon les précisions fournies par le constructeur, cette révision est principalement liée à « une performance commerciale inférieure aux attentes au mois de juin, notamment sur les volumes de véhicules utilitaires en Europe », mais aussi à une conjoncture plus dégradée que prévu sur le marché automobile européen. Le ralentissement de la demande, la hausse des stocks et la pression concurrentielle ont été identifiés comme des facteurs défavorables ayant pesé sur les résultats du premier semestre.

D’après les résultats préliminaires non audités communiqués par Renault, la marge opérationnelle s’est contractée à 6 % au premier semestre 2025, contre 8,1 % un an plus tôt. Le free cash flow s’établit à 47 millions d’euros sur la période, contre un consensus de marché situé autour de 645 millions d’euros.

Conséquences boursières immédiates : le titre Renault sanctionné, mais pas seulement

La réaction des marchés a été immédiate. À l’ouverture de la séance du 16 juillet, le titre Renault a plongé de 17,28 % pour s’établir à 34,12 euros, avant de légèrement remonter au cours de la journée. Depuis le début de l’année, la valeur a perdu plus de 25 %. Cette correction a également affecté d’autres valeurs du secteur automobile, en particulier celles liées aux véhicules utilitaires et aux fournisseurs. Stellantis a perdu 3,2 % à la mi-journée, tandis que les équipementiers Forvia et Valeo ont respectivement reculé de 3,9 % et 2,8 %.
Plusieurs analystes ont abaissé leurs recommandations ou leurs objectifs de cours sur le titre Renault à la suite de cette annonce. Deutsche Bank a ramené son objectif de 55 à 47 euros, estimant que l’avertissement sur résultats allait durablement peser sur la confiance des investisseurs. Oddo BHF a également abaissé son objectif de 60 à 55 euros, jugeant la révision « brutale » et soulignant la proximité temporelle avec le départ du directeur général.

Une crise boursière sur fond de crise de gouvernance

Cette annonce intervient dans un contexte de transition managériale. Luca de Meo, directeur général du groupe Renault depuis juillet 2020, a officiellement quitté ses fonctions à la mi-juillet 2025 pour rejoindre le groupe Kering. Le conseil d’administration a désigné Duncan Minto, actuel directeur financier du groupe, comme directeur général par intérim, en attendant la nomination d’un successeur permanent.
Duncan Minto, âgé de 50 ans, a rejoint Renault en 1997 et occupé divers postes financiers avant d’être nommé CFO en mars 2025. Lors d’une conférence avec les analystes, il a précisé que « l’avertissement sur résultats est totalement indépendant du départ de Luca de Meo » et que « les difficultés rencontrées au mois de juin sont d’ordre conjoncturel ».
Il a également indiqué que Renault publierait ses résultats semestriels complets le 30 août, à l’occasion desquels davantage d’informations seront communiquées sur la stratégie du second semestre.


 











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