Carnets de l'Economie

Dans les grandes entreprises, l’ubérisation est monaie courante




Anton Kunin
11/01/2017

On n’y penserait pas automatiquement, mais les grandes entreprises sont friandes de travailleurs indépendants. Une étude d’EY fait la lumière sur cette nouvelle organisation du travail.


Le recours des grandes entreprises aux consultats, prestataires indépendats et autres free-lances a augmenté de 49% au cours des cinq dernières années. Et 40 % des organisations interrogées comptent confier davantage de tâches aux travailleurs indépendants d’ici 2022, nous apprend une étude d’EY. Quant à ces travailleurs eux-mêmes, loin des clichés, ils sont 52 % à déclarer préférer ne pas avoir de contrat de travail, et 66% d’entre eux estiment que les avantages de ce modèle compensent ses inconvénients.

Cette étude vient briser les clichés sur l’ubérisation, très répandus dans la société française. En septembre 2015, un sondage OpinionWay révélait que 65 % des Français considéraient la possibilité de l’uberisation de leur métier comme une menace, et  49 % pensaient que le statut de salarié pourrait être menacé. Cet état d’esprit est révélateur de l’attachement des Français à la sécurité sociale, à laquelle on n’accède véritablement qu’en ayant un travail salarié. Pour rappel, les cotisations sur les salaires représentent 16,75 % du PIB en France, contre seulement 9 % dans la moyenne des pays de l’OCDE.

Il n’y a alors pas de surprise au fait qu’en France, 94,6 % de la population active ait une seule profession et travaille pour une seule entreprise, comme le révélait le Ministère du Travail fin octobre 2016. Depuis 1970, l’Hexagone compte d’ailleurs 7 millions de salariés de plus (de 17 à 24 millions) et 2 millions d’indépendants en moins (de 4,5 à 2,5 millions). Nous sommes donc très loin des États-Unis, où 17 % de la main-d’oeuvre est constituée de travaileurs indépendats, selon EY.