Carnets de l'Economie

Patrick Drahi obtient gain de cause dans la restructuration d’Altice




Aurélien Lacroix
20/08/2025

Altice vient de franchir une étape décisive dans la restructuration de sa dette colossale : la justice et le parquet de Paris ont levé les derniers obstacles juridiques, ouvrant la voie à une opération financière d’ampleur inédite qui modifiera profondément l’avenir de l’opérateur et de sa filiale SFR.


Altice face à la justice : un plan désormais sans contestation

Le 4 août 2025, le tribunal des activités économiques de Paris a validé le plan de sauvegarde accélérée d’Altice France. Depuis, le parquet a confirmé qu’aucun appel ne serait formé, sécurisant ainsi la mise en œuvre du projet. L’opération, qui ramène la dette du groupe de 24,1 à 15,5 milliards d’euros, constitue l’un des plus grands dossiers de restructuration d’entreprise en France cette année. Elle place Patrick Drahi et ses créanciers face à un calendrier serré qui devrait aboutir dès le 1er octobre 2025.

Le tribunal parisien a validé le plan de restructuration début août, un jugement qui marquait déjà un tournant. Mais l’incertitude persistait tant que le parquet n’avait pas annoncé sa décision. Le 20 août 2025, l’AFP a confirmé que celui-ci ne ferait pas appel, ce qui supprime le dernier obstacle juridique à l’opération. 

Pour l’opérateur SFR et sa maison mère Altice, la décision signifie que la restructuration est juridiquement verrouillée. Les syndicats UNSA-Com et CFDT ont annoncé un appel contre le jugement, mais celui-ci n’est pas suspensif. Olivier Lelong, représentant CFDT chez SFR, rappelle toutefois les inquiétudes : « ces filiales-là ne sont pas endettées, n'ont jamais souscrit de crédit auprès des créanciers … mais c'est tout de même nous qui sommes garants du remboursement de ces dettes », souligne Europe 1.

Une restructuration massive pour l’empire Drahi

Le plan négocié par Patrick Drahi repose sur un allègement de dette d’une ampleur considérable. Selon l’AFP, la dette d’Altice France passe de 24,1 à 15,5 milliards d’euros, soit environ 8 milliards effacés. Dans le même temps, les créanciers obtiennent 45 % du capital du groupe, contre l’effacement de créances et un apport de 1,6 milliard d’euros en liquidités.

Ces concessions financières s’accompagnent d’une hausse des taux d’intérêt consentis aux créanciers. L’objectif est clair : rassurer les investisseurs tout en sécurisant l’avenir de l’opérateur. Officiellement, la direction d’Altice insiste sur l’absence d’impact opérationnel. « Le plan de sauvegarde est une opération exclusivement financière, sans aucun impact sur la vie opérationnelle, commerciale, sociale, du groupe », assure la société dans un communiqué cité par BFMTV. Pourtant, les représentants du personnel redoutent qu’une telle restructuration prépare la vente d’actifs stratégiques, notamment SFR.

Prochaines étapes : vers l’activation du plan le 1er octobre

Le calendrier annoncé est désormais officiel : l’entrée en vigueur est prévue le 1er octobre 2025, suivie d’un règlement définitif à la mi-novembre. Cette échéance laisse peu de temps à Altice pour organiser le transfert de capital et finaliser les conditions techniques. Les créanciers deviendront alors actionnaires de référence, modifiant l’équilibre des pouvoirs autour de Patrick Drahi.

Pour SFR, opérateur incontournable du marché français, la restructuration s’accompagne d’une incertitude sur son avenir industriel. Certains observateurs évoquent déjà une dernière ligne droite pour la vente de SFR. Une telle hypothèse alimente les tensions sociales et politiques, tant le sort de l’opérateur concerne des millions d’abonnés et des milliers de salariés. 

 










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