Carnets de l'Economie

La bataille des lobbies au cœur de la plainte contre Google à Bruxelles




La Rédaction
18/06/2012

Nombreux sont ceux que se sentent aujourd'hui menacés par le succès de Google. Aussi, quelques entreprises ont décidé, il y a un peu plus d'un an, de porter plainte auprès de la Commission européenne, pour abus de position dominante. D'autres entreprises ont depuis suivi le mouvement, et la bataille des lobbies bat actuellement son plein, chaque partie souhaitant avoir les faveurs de la Commission européenne et de l'opinion publique.


La bataille des lobbies au cœur de la plainte contre Google à Bruxelles
Google cumule les plaintes

En février 2010, trois sociétés - eJustice , Ciao et Foundem - portaient plainte contre Google auprès de la Commission européenne à Bruxelles pour « Abus de position dominante ». Les plaignantes accusaient le moteur de recherche de monopoliser le secteur de la recherche sur le net, et en mars 2011, c'est au tour du groupe Microsoft d'acculer Google pour le même chef d'accusation, mais cette fois-ci en y ajoutant le secteur de la publicité. En août 2011, Bruxelles reçoit 5 nouvelles plaintes contre Google. Ainsi, sur la seule période de l'année 2011, la Commission s'est vue remettre neuf dépôts de plainte. Les plaignants préfèrent éviter tout contact avec la presse, et ce, par peur de représailles de la part de Google. Ce dernier, s'il est reconnu coupable, encourt une amende pouvant se chiffrer en milliards d'euros. La Direction générale de la Concurrence a d’ores et déjà fait de cette affaire une priorité et Google, quant à lui, préfère garder le silence.

Le lobbying de Google : le silence est d'or

Bien qu'il évite le feu des projecteurs, force est de constater que Google est passé à l'offensive et use de son pouvoir d'influence auprès de la Commission pour réduire l'impact des plaintes déposées à son encontre. Ainsi, dans la plus grande discrétion, c'est à huit clos que s'organise le lobbying au siège bruxellois du groupe. Un lobby qui n'est géré que par cinq personnes, des cadres de l'entreprise en contact direct avec la Commission. Mais on remarque à la tête de ce groupe, Antoine Aubert, ancien Policy Manager à la direction générale de la Société de l'information de la Commission européenne, poste qu'il a occupé pendant trois ans. Dans ce cas, nul besoin d'une armada de lobbyistes. L'équipe ne manque d'ailleurs pas de souligner que dans cette démarche, elle bénéficie de la collaboration de la Commission. Interrogés par la presse, les lobbyistes de Google contournent les questions relatives aux accusations qui pèsent sur le groupe, en précisant combien il est capital pour Google de préserver les intérêts des internautes et du secteur par des actions permanentes de recherche. La commission, tout comme Google, préfère se terrer dans le mutisme, y compris lorsqu'il s'agit de dévoiler l'identité des autres plaignants.

Les opérateurs des télécommunications s'y mettent aussi

En plus de ces plaintes, Google doit également, depuis 2011, faire face au lobbying des opérateurs de télécommunication (Alcatel-Lucent, Cegetel-SFR, Deutsche Telecom, Orange entre autres) qui souhaiteraient voir les acteurs du net, en l'occurrence les moteurs de recherche, investir financièrement en faveur de la qualité de la bande passante. Les opérateurs ont exercé leur lobby auprès de la commissaire au numérique, Neelie Kroes, en lui dévoilant le 03 mai dernier une proposition en 11 points. À noter que ce document a été demandé par la commissaire elle-même dans le cadre du Digital Agenda for Europe. Dans leur proposition, les opérateurs souhaiteraient voir les fournisseurs de services (moteurs de recherche et éditeurs de contenus) s'impliquer dans le financement des infrastructures existantes. Les opérateurs parlent de co-investissements. Au stade actuel, les seuls investissements des opérateurs ne suffisent plus à garantir un réseau de qualité. Tout cela risquerait fort bien de couter cher à Google.