Carnets de l'Economie

L'indicible pouvoir des médias




La Rédaction
18/06/2012

À l'heure des réseaux sociaux et des grandes révélations telles que celles de Wikileaks, le pouvoir des médias est à remettre en question ; du moins, la définition du terme "pouvoir», qui semble aujourd'hui démodée. Deux études ont ainsi été publiées sur ce pouvoir des médias, l'une par François Jost, l'autre par Daniel Cornu.


L'indicible pouvoir des médias
Redéfinir la notion du pouvoir des médias

François Jost et Daniel Cornu proposent des études complémentaires, l'une s'intéressant à la relation que le public entretient avec les médias, et l’autre à la réputation « diabolique » prêtée au pouvoir des médias. Chacun des deux auteurs tente ainsi de redéfinir le « pouvoir », tel qu'on l'entend souvent en parlant des médias. Ainsi, le livre de Daniel Cornu répond aux questions que pose l'ouvrage de François Jost, tandis que ce dernier amorce les réflexions de l’ouvrage de Cornu. Deux livres complémentaires qu'il convient donc de lire en commençant par celui de Jost. Ces deux ouvrages ont le mérite de ne pas diaboliser, comme il se fait généralement, ce pouvoir des médias, mais nuancent et relativisent leurs différentes composantes. Le but des deux études n'est d'ailleurs pas de critiquer, mais de redonner au public sa place dans les médias.

Le pouvoir des médias existe, mais il est à relativiser

Cornu et Jost constatent tous deux dans leur étude que le pouvoir des médias existe bel et bien, mais que sa définition est plus complexe. Que ce soit Jost, qui revient sur les mécanismes du pouvoir des médias par une approche historique et sociologique, ou Cornu qui analyse les usages de ce pouvoir et ses modes de production, tous deux s'accordent à dire que le terme « pouvoir » est à relativiser. Il s'avère que les médias sont omniprésents, mais que leur pouvoir est très diffus et donc difficile à définir. Mais une chose est sûre, leur omniprésence ne reflète pas l'étendue, ni les formes de leur pouvoir. Les médias étant multiples, dans leur nombre et leur forme, il est devenu inapproprié de parler encore de pouvoir. Daniel Cornu se demande d'ailleurs de quel pouvoir l'on parle et décrédibilise dès le début de son livre, l'idée que les médias seraient un « quatrième pouvoir ». Cette formule sous-entendant que les médias possèderaient une force d'exécution sur le terrain politique et une influence qu'ils n'ont pas en réalité.

Un pouvoir fragmenté

Des études de Cornu et Jost, l'on retire que le pouvoir des médias, bien qu'existant, n'est pas si grand. La fragmentation de l'information admise par Internet et notamment les réseaux sociaux, réduit ce prétendu pouvoir, et redonne au public une place importante dans le rapport d'influence. En effet, au-delà d'une réputation dont les médias auront du mal à se débarrasser, l'information dans sa pluralité, s'absorbe désormais par petites bribes. Des bribes d'informations, d'opinions, et d'idées que le public va recevoir en toute objectivité et dans l’appréhension d’une volonté d’influence des médias. Mais ce n'est qu'à l'issue d'un "mixage" de sources d'informations que le public se fera son opinion. Il n'est donc plus d'actualité de parler de pouvoir des médias, ces derniers n'étant plus que des relais parmi tant d'autres.