Carnets de l'Economie

Gaz à effet de serre : les émissions devraient baisser en 2025 malgré un PIB en hausse




Anton Kunin
30/09/2025

Le think-tank Rexecode anticipe une contraction de 2,4% des émissions de gaz à effet de serre en 2025, alors même que le PIB français progresserait de 0,7%. Derrière cette perspective, une interrogation centrale : s’agit-il d’un véritable découplage structurel entre croissance et intensité carbone ou d’un simple effet conjoncturel lié au ralentissement industriel ?


Des émissions en repli, mais avec des moteurs contrastés

Selon les dernières prévisions publiées le 29 septembre 2025 par l'Institut Rexecode, les émissions de gaz à effet de serre de la France reculeraient de 2,4% sur l’année. Cela, alors que l’activité économique nationale resterait modeste mais positive, à +0,7%. Ce différentiel soulève la question du modèle français de décarbonation et de sa soutenabilité à moyen terme.

L’analyse sectorielle demeure essentielle pour apprécier la robustesse de ces chiffres. Le rapport Secten du Citepa souligne que, sur la période 2022-2024, la baisse s’est concentrée dans l’industrie de l’énergie (–3,8 MtCO₂e en 2024) et les transports (–1,5 Mt). Ces évolutions s’expliquent à la fois par une demande énergétique atone, une substitution accrue vers des sources décarbonées et un ajustement de la production industrielle.

Le secteur des transports routiers, premier poste émetteur avec près d’un tiers du total national, enregistre un repli mesuré de 1,2% en 2024. Les bâtiments affichent un recul limité (–0,7 %), tandis que l’agriculture reste quasiment stable. La dynamique repose donc surtout sur les segments les plus exposés aux cycles de prix de l’énergie et à la compétitivité internationale. En ce sens, une partie de la baisse projetée par Rexecode pourrait refléter davantage la contraction d’activités énergivores que des gains structurels d’efficacité.

Croissance positive et baisse des émissions : un découplage encore fragile

Le cœur du scénario de Rexecode réside dans la coexistence d’une croissance positive du PIB (+0,%) et d’une baisse des émissions (–2,4%). Cette configuration illustre ce que les économistes qualifient de « découplage relatif ». En théorie, elle traduirait un début de dissociation entre intensité carbone et croissance.

Mais la réalité est plus ambivalente. Les projections de l’Insee, plus prudentes, évoquent une baisse de l’ordre de 1,3% en 2025, imputée en grande partie au ralentissement des secteurs à forte intensité énergétique. Dans cette lecture, la réduction des émissions serait davantage la conséquence d’une activité industrielle en retrait que d’une transition accélérée. Pour les décideurs économiques, cette distinction est cruciale : seule une baisse fondée sur des transformations structurelles (rénovation des bâtiments, électrification du parc automobile, gains d’efficacité) constitue un actif durable dans la trajectoire climatique.

Quelles conséquences pour les politiques économiques ?

La trajectoire esquissée par Rexecode reste en deçà du rythme requis pour atteindre les objectifs climatiques européens et français. Une baisse annuelle de l’ordre de 5% serait nécessaire pour tenir les engagements de 2030. Dès lors, l’enjeu pour les pouvoirs publics est de transformer une réduction conjoncturelle en dynamique pérenne, ce qui suppose un investissement massif dans la transition.

Pour les entreprises, cette configuration révèle une contrainte double : composer avec une demande affaiblie dans certains secteurs énergivores et anticiper un renforcement du signal-prix carbone. La question n’est donc pas seulement environnementale, mais bien stratégique. Le découplage entre croissance et émissions est possible, mais il requiert des arbitrages budgétaires, réglementaires et technologiques qui dépassent la seule conjoncture.










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