Carnets de l'Economie

En 2025, 142.000 millionnaires changeront de résidence fiscale




Anton Kunin
08/07/2025

D'après le Henley Private Wealth Migration Report 2025, 142.000 millionnaires changeront de résidence fiscale au cours de l’année 2025. Ils partiront toujours pour Dubaï, mais également pour les États-Unis, la Suisse, l'Italie, le Portugal et même, dans une moindre mesure, pour l’Arabie saoudite et la Thaïlande.


Expatriation fiscale : Émirats arabes unis, les États-Unis et la Suisse dominent le palmarès

En tête du classement des destination pour millionnaires du Henley Private Wealth Migration Report, un trio sans surprise : les Émirats arabes unis, les États-Unis et la Suisse. Leur stratégie repose sur une équation simple : stabilité, sécurité et absence de taxation directe sur la fortune. Les Émirats arabes unis caracolent en première position avec un afflux record d’individus très fortunés. Un urbanisme futuriste, une connectivité optimale, un environnement juridique clair : autant de promesses tenues qui séduisent les investisseurs.

Les États-Unis continuent d’attirer les profils fortunés, notamment vers les côtes où les structures d’investissement sont déjà solidement installées. Ce sont moins les avantages fiscaux que la puissance d’un marché intégré qui pèsent dans la balance. Le nouveau programme de « visas dorés », annoncé par Donald Trump, y contribuera sans aucun doute.

Quant à la Suisse, elle tire profit de sa neutralité historique et d’une ingénierie bancaire toujours redoutablement efficace. Les incertitudes politiques sur d’autres continents renforcent sa réputation d’îlot de sérénité financière.

Plus au sud, l’Europe méditerranéenne reprend des couleurs. L’Italie, le Portugal et la Grèce s’affirment comme des refuges privilégiés, misant sur des régimes fiscaux spécifiques à destination des résidents étrangers. Leur attractivité repose également sur la qualité de vie, un critère qui prend de plus en plus d’importance.

Royaume-Uni et Chine : deux géants en reflux

Le Royaume-Uni subit en 2025 une dégringolade sans précédent dans les flux de grandes fortunes. Les réformes récentes, notamment la suppression des régimes fiscaux différenciés pour les non-résidents, ont transformé Londres, autrefois plaque tournante de la richesse mobile, en un pôle de sortie accélérée. En quelques mois, des milliers de fortunes familiales ont réorienté leur ancrage patrimonial.

La Chine, pour sa part, voit une nouvelle vague d’exode parmi ses ressortissants les plus fortunés. Ce reflux s’explique par des tensions géopolitiques persistantes, une pression accrue sur les grandes entreprises, et une régulation monétaire qui bride la flexibilité recherchée par les gestionnaires de patrimoine.

D’autres pays enregistrent des pertes plus discrètes mais significatives : l’Allemagne, la France, l’Irlande, ou encore la Corée du Sud voient partir des centaines de profils à haute valeur économique. Il ne s’agit plus seulement de millionnaires technologiques, mais aussi de dynasties industrielles ou de grands noms du capital familial.

La résidence devient stratégie : entre flexibilité et arbitrage

En 2025, la notion de résidence pour les très grandes fortunes a cessé de rimer avec attachement géographique. Elle s’inscrit dans une logique d’arbitrage permanent, entre juridictions, obligations fiscales et qualité de services. Obtenir une résidence, voire une double nationalité, est désormais une étape normale dans la construction d’un patrimoine mobile.

Certains États, comme l’Arabie saoudite ou la Thaïlande, capitalisent sur cette dynamique en multipliant les initiatives de séduction. Visas dorés, statuts de long séjour, zones franches personnalisées : la concurrence entre juridictions est désormais globale et systémique.

Derrière cette mobilité, une logique apparaît clairement : se protéger, anticiper, garantir une souveraineté privée. La résidence devient un levier d’optimisation autant qu’un bouclier patrimonial.

Une fracture fiscale qui interroge

Ce jeu de chaises fiscales n’est pas sans conséquences. En quittant certains territoires, les milliardaires emportent avec eux investissements, fondations et emplois liés aux structures familiales. Pour les États qui les perdent, les pertes sont aussi symboliques qu’économiques. D’autant que les profils concernés, souvent discrets, interviennent dans les tissus économiques locaux via des fonds, des holdings ou des mécénats d’influence.

Inversement, les pays récepteurs bénéficient d’une injection de capitaux, d’une notoriété accrue dans les cercles de la haute finance, et d’un effet levier sur des secteurs comme l’immobilier de prestige ou la gestion privée.










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