Carnets de l'Economie

Pour Moody’s, la Russie a fait défaut sur sa dette souveraine




Paolo Garoscio
28/06/2022

La dernière passe-d’arme entre l’Occident et la Russie, sur le plan économique, concerne le paiement de la dette souveraine de Moscou. Des paiements d’intérêts sur les emprunts, que la Russie déclare avoir envoyés fin mai 2022, auraient été bloqués. De quoi permettre à la Russie de déclarer qu’il n’y a pas eu de défaut, mais ce n’est pas ce qu’estime l’agence de notation Moody’s.


Des paiements d’intérêts sur la dette bloqués par des intermédiaires ?

À la suite de la non-réception, de la part des créanciers, de deux paiements d’un montant total de 100 millions de dollars, Dimitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a tenu à préciser que la faute ne pouvait être imputée au Kremlin. Il a déclaré que les paiements ont bien été envoyés, mais que ce sont les sanctions internationales prises à l’encontre de la Russie par l’Occident à la suite de la guerre en Ukraine qui sont en cause.

« Les systèmes internationaux de paiements et de compensations ont obtenu les fonds dans les temps et en totalité et avaient les moyens légaux et financiers de transférer les fonds en question aux destinataires finales », a déclaré de son côté le ministère des Finances russe. En somme, la Russie aurait bien envoyé les fonds, mais les créanciers ne les ont pas reçus à cause des Occidentaux.

Moody’s estime que le défaut est bien là

Les déclarations de la Russie ne semblent toutefois pas convaincre l’une des trois agences de notation mondiales. Moody’s, dans un communiqué de presse publié sur son site Internet le 27 juin 2022, a déclaré qu’elle considérait l’absence de réception du paiement « comme un cas de défaut selon notre définition ».

Moody’s estime en effet qu’après le délai de 30 jours suivant la date-limite de paiement, le défaut de paiement est caractérisé. Or, la date-limite tombait le 27 mai 2022. Moody’s n’a toutefois plus la possibilité de noter la dette souveraine russe du fait des sanctions internationales.