Carnets de l'Economie

Les forêts françaises en manque de modèle de gestion




Anton Kunin
27/08/2018

Revenus espacés dans le temps, mauvaise gestion, accès au financement impossible… : le modèle français de la propriété forestière, reposant sur une multitude de petits propriétaires, remet en question la rentabilité qu’aurait pu présenter cette ressource si elle était gérée convenablement, affirme un expert du think tank Terra Nova.


Le regroupement des parcelles forestières, un moyen de diminuer les coûts et d’optimiser les rendements ?

En France, 10,7 millions d’hectares de forêt appartiennent à des propriétaires privés. Parmi eux, 2,9 millions possèdent moins de 1 hectare. Loin de constituer un avantage, un tel morcellement de la propriété empêche de gérer au mieux les forêts françaises et tire le coût de cette gestion vers le haut, estime Henri Prévot, qui signe une note d’analyse sur le sujet pour le think tank Terra Nova.

Pour venir à bout de ce problème, Terra Nova prône le regroupement de la gestion. Cela permettrait de rationaliser les infrastructures, d’intéresser les exploitants forestiers et les acheteurs de bois et de diminuer le coût des travaux. Autre argument en faveur du regroupement : un grand massif forestier pourrait être géré plus efficacement. Car dans la situation actuelle, le plus souvent, des arbres venus à maturité ne sont pas mis en vente, une bonne partie des coupes de bois n’est pas suivie de reboisement, et des terrains peuplés de boisements peu productifs et qui pourraient être améliorés ou transformés restent laissés à eux-mêmes.

Le morcellement, un frein à une exploitation rentable de la forêt

Dans sa note d’analyse, Henri Prévot avance également que les grandes propriétés ont l’avantage d’être gérées selon des plans à long terme de façon à avoir un revenu régulier. A contrario, l’immense majorité des propriétaires français, possédant une surface peu importante, ne vendent que tous les dix ou vingt ans. « Comment donc pourrait-il exister un contrat pluriannuel entre une entreprise qui a besoin de bois tous les jours et un propriétaire qui ne vend qu’occasionnellement et qui n’est pas tenu de vendre ? », s’interroge-t-il.

Dernier frein à une exploitation à la fois rentable et durable des forêts : le manque de financements. En effet, les prêts tels qu’on les connaît sont radicalement inadaptés à l’investissement sylvicole. Des arbres qui viennent d’être plantés pourraient être coupés dix ans plus tard minimum, en d’autres mots leur propriétaires ne toucheraient un revenu que dix ans après avoir investi. En plus, on ne voit pas comment pourraient être contractés sur une durée pouvant atteindre trente ans des prêts de quelques milliers d’euros seulement. Pour résoudre tous ces problèmes, Henri Prévot prône le regroupement de la gestion des forêts.