Carnets de l'Economie

Les grands acteurs de l'ESS




La Rédaction
29/04/2014

L'économie Sociale et Solidaire (ESS) est une grande famille. Elle englobe historiquement les coopératives, les mutuelles, les associations et les fondations, auxquelles, il faut d’ailleurs ajouter un nouvel arrivant, l'entrepreneuriat social. Qui sont donc ces acteurs présents dans les secteurs économiques sociaux et environnementaux, et qui représentent 2,3 millions d'emplois en France ?


(Credit : freedigitalphotos.net)
(Credit : freedigitalphotos.net)
Les 223 000 organisations et entreprises de l'ESS sont majoritairement des microstructures rassemblant moins de 10 personnes, à l'instar de l’immense majorité des entreprises françaises. Cependant, le secteur de l'ESS représente aussi 19% des entreprises privées de plus de 250 salariés, soit près d'une entreprise sur 5. De nombreux secteurs d'activité y sont représentés, dans des structures allant de l'entreprise individuelle aux groupements coopératifs d'envergure internationale.
 
Avec 1,8 millions de salariés (soit 7,6% de l'emploi salarié total privé et public), les associations sont le principal employeur du secteur de l'ESS. Elles se distinguent par leur objet social non lucratif, mais elles n’en demeurent pas moins de véritables acteurs du développement économique des territoires. Une myriade d'associations, parfois éphémères, rassemble des hommes et des femmes bénévoles et soucieux de donner un sens "civique" à leur action (crèches associatives, épiceries solidaires, associations de tourisme social...).
 
Il existe aussi des structures  plus anciennes, constituées en réseaux et pourvoyeuses d'emplois pérennes. C'est par exemple le cas de la Ligue de l'Enseignement, association née en 1866, qui promeut la laïcité et l'accès de tous à l'éducation. Elle est présente sur tout le territoire à travers 102 fédérations départementales et près de 3 000 associations locales. Dans un autre domaine, l’association des Réserves Naturelles de France fédère 700 professionnels de la nature (gardes, conservateurs, animateurs...), lesquels gèrent 296 sites naturels en France. Cette association est aujourd'hui soutenue par l'Etat, les régions, divers mécènes et les adhésions volontaires. Toutefois, le mouvement associatif se trouve ces dernières années dans une situation fragilisée face au désengagement de l'Etat et aux ressources des collectivités publiques qui régressent.
 
La plupart du temps indépendantes du soutien de l’Etat, les coopératives prennent la forme d'entreprises dont la propriété est collective et où la gouvernance est exercée de manière démocratique. Un élément important du modèle coopératif est le principe de double-qualité de ses membres qui peuvent être à la fois clients, et/ou salariés, producteur et associés.  Il existe en France des "grands réseaux coopératifs" dans le secteur bancaire, agricole ou de la consommation. Le réseau d'opticiens Optic 2000, créé dans les années 1960, est organisé en coopérative et se place parmi les principales enseignes de commerce non alimentaire. La société, détenue uniquement par les opticiens adhérents, est  dirigée par un conseil d’administration élu par les opticiens associés.
 
L’une de ses forces réside dans sa capacité à promouvoir l’ascenseur social. La formation des jeunes, la transmission d’un savoir-faire, le développement des compétences sont par exemple des priorités pour groupe Optic 2000, au même titre que son ancrage territorial. Au sein de l’enseigne, qui revendique plus de 1 200 points de vente en France, on met en avant le rôle social des membres du groupe qui, implantés dans les centres ville, restent au plus près des habitants et se positionnement en intermédiaire du secteur médical et paramédical. Une volonté que Yves Guénin, patron d'Optic 2000, expliquait ainsi en 2011 : "pour Optic 2000, la proximité n’est pas seulement de nature géographique. Conscient de remplir un rôle de quasi service public, nous cultivons aussi la proximité avec les autres acteurs du secteur de la santé. "
 
Naturellement liées de même au secteur de la santé, les mutuelles, troisième grand acteur de l'ESS, se distinguent des coopératives par le fait qu'elles n'ont pas de but lucratif. Elles ont pour principe fondateur la solidarité : les cotisations des adhérents servent à la réalisation d'actions de prévoyance et d'indemnisation de tous les adhérents, sans sélection des risques. Les deux grandes catégories sont les mutuelles de santé et les mutuelles d'assurance. Les mutuelles entendent préserver un modèle de gouvernance à part, reposant sur le fait que chaque adhérent est aussi sociétaire de la mutuelle. Malgré les probables mouvements de fusions et acquisitions à venir suite à la loi sur la sécurisation de l‘emploi de juin 2013, la Fédération Nationale Indépendante des Mutuelles (FNIM) entend « préserver des mutuelles indépendantes, à taille humaine, proches de leurs adhérents » selon son président Philippe Mixe. A une époque où de nombreux Français renoncent aux soins, faute de moyens, la complémentaire santé est en effet devenue essentielle et 96% d'entre eux pensent qu’elle doit « défendre l’accès aux soins ».
 
Souvent en dehors du strict registre marchand, les fondations se caractérisent, elles, par des activités majoritairement philanthropiques, sociales ou culturelles. Le critère de non-lucrativité est également la règle mais elles ne fonctionnent pas au profit de ses seuls sociétaires. Elles doivent servir à réaliser une œuvre ou une mission d'intérêt général. Entre 2011 et 2012, le total des fondations et fonds de dotation est passé de 2733 à 3220. Bien que sans rapport direct avec la sphère marchande, les fondations sont souvent au contact de grandes entreprises capitalistiques. C’est notamment le cas à travers la Venture Philanthropy, nouvelle forme de philanthropie qui adapte les principes du private equity aux besoins du secteur caritatif. Un des exemples les plus réussis en France est celui de la Fondation Alpha Omega, dédiée à l'accompagnement des associations sur le long terme, en les aidant à renforcer leur structure et à accélérer leur développement. Spécialisée sur le secteur de l'éducation et de l'insertion professionnelle, « elle s’investit auprès d’associations qui poursuivent ces objectifs, en France, en leur apportant à la fois un soutien financier et en compétences », selon les mots de son président et fondateur Maurice Tchenio.
 
A ce panorama des acteurs de l'ESS on peut ajouter la notion d'entrepreneuriat social. Un concept récent apparu dans les années 1990 en Europe et aux Etats-Unis, et qui rassemble et soutient les entreprises qui conjuguent efficacité économique et volonté de créer du changement social. L'un des exemples emblématiques est l'ADIE (L'Association pour le droit à l'initiative économique), un organisme de micro-crédit qui a permis la création de plus de 72 000 entreprises et de 93 000 emplois depuis sa création en 1989, en fédérant donateurs, partenaires, et micro-entrepreneurs qui créent leur entreprise. Tout comme les coopératives, les mutuelles, ou les fondations, ces nouveaux organismes créent du lien et participent au développement de l'économie sociale et solidaire en France, avec pour impératif et leitmotiv le retour de l’humain au centre des préoccupations.
 
 
En savoir plus :
 
- Le labo de l'Economie Sociale et Solidaire : http://lelabo-ess.org/
- Etude "La France associative en mouvement" : http://www.recherches-solidarites.org/media/uploads/lafrance_associative2013.pdf
- La Ligue de l'Enseignement : http://www.laligue.org/
- Réserves Naturelles de France : http://www.reserves-naturelles.org/
- Réseau coopératif Optic 2000 : https://www.optic2000.com
- Le centre français des fonds et fondations : http://www.centre-francais-fondations.org
- La fondation Alpha Omega : http://www.alphaomegafondation.com/fr
- L'Association pour le droit à l'initiative économique : http://www.adie.org/










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