Carnets de l'Economie

Face à l’urgence sociale et climatique, osons la révolution de la régénération urbaine !




10/12/2019

Au terme de la « décennie perdue » dans la lutte des États contre le réchauffement climatique, que dénonce dans son rapport publié le 26 novembre dernier, l’agence onusienne PNUE, il n’est plus possible de procrastiner : comme y invite une jeunesse parfois ardente (jusqu’à l’agacement), c’est tout de suite et maintenant qu’il faut répondre par tous les moyens à l’urgence écologique !


On le sait, le bâtiment pèse très lourd dans le bilan carbone : rien qu’en France, il est ainsi responsable d’un tiers des émissions de CO²eq, de 44% de la consommation énergétique et de 85% des déchets. Ses mauvaises performances tiennent à un modèle de l’habitat vieilli, inadapté aux nouveaux défis. Et plus encore, aux atermoiements collectifs face à la multiplicité des enjeux environnementaux, économiques et sociaux entremêlés, qui le paralysent dans son obsolescence. Cette jungle apparemment contradictoire des besoins et des contraintes est ainsi souvent ressentie comme inextricable par les décideurs publics, tant locaux que nationaux.

C’est donc plus que jamais en se persuadant de la nécessité d’une stratégie ambitieuse, cohérente et systématique de régénération de la ville, associant développement durable résolu et nouveau développement humain, que l’on terrassera le dragon à deux têtes de la crise du logement et de la crise écologique.

Les acteurs innovants du bâtiment portent d’ores et déjà les solutions de cette régénération urbaine, malgré le maquis réglementaire, fiscal et normatif, qui exprime cette périlleuse hésitation publique, virant parfois à l'ambivalence. Et ils sont prêts à y prendre toute leur part pour contribuer à sa définition comme à sa mise en œuvre.

Le principe du « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) exprimé par les pouvoirs publics à l’appui de l’abandon du délirant projet « EuropaCity », comme celui de la densification de l’existant, s’ils vont bien entendu dans le bon sens, ne seront néanmoins pas suffisants - a fortiori dans le cadre des contraintes réglementaires actuelles.

Pour réduire de 7,6% par an d’ici à 2030 ses rejets carbonés, ainsi qu’y appelle instamment l’ONU, notre pays doit pour sa part oser en matière de bâtiment la révolution du ZEN : le « Zéro Emissions Nettes » qui induit à la fois des règles de l’art privilégiant la réhabilitation du bâti et la réutilisation en circuits courts des matériaux issus des chantiers, comme la conception de lieux destinés aux multi-usages / multi-occupations, aussi bien sous l’angle de la temporalité de chantier (occupation transitoire des lieux accessibles durant travaux) que de l’affectation permanente (avènement de lieux hybrides dont les espaces sont continuellement occupés par des utilisateurs multiples dans le cadre d’activités elles-mêmes de multiple nature).

D’un côté, le gain environnemental de la réhabilitation de l’existant n’est plus à prouver : ce choix engagé permet ainsi de réduire le bilan carbone d’un bâtiment existant autour de 25%, là où une démolition / reconstruction l’aurait aggravé de 15% !

De l’autre, l’approche de multi-occupation ne se contente pas de contrer la menace de l’épuisement des ressources et l’impasse du désormais impossible étalement urbain : elle permet au contraire de mutualiser les espaces rendus hybrides, de brasser les publics, de former des communautés nouvelles, de mixer les usages professionnels et personnels,… autant de leviers ouvrant la voie à des pratiques sociales innovantes, voire à de nouvelles fraternités, qui répondent aux attentes des nouveaux urbains. Bref, elle permet de décloisonner la ville et par là même de la réinventer ! Frugalité écologique, valorisation intensive du capital-espace, création des logements nécessaires là où on les croyait impossible, espaces de vie innovants adaptés à des usages multiples H24, nouvelles continuités citadines, telles sont les clés de la régénération urbaine qui, grâce à une vision volontariste de l’avenir, transforme en autant d’opportunités les contraintes et de chances les risques.

Simplification des normes, bouleversement des habitudes, formation des professionnels, réforme des lois et des cadres de pensée dépassés, promotion du consom’acteur face à la tyrannie du consommateur… Le chantier est immense mais à portée de pioche. Osons maintenant la révolution du ZEN !

Par Joachim Azan, Président-Fondateur de Novaxia










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