Carnets de l'Economie

La transition énergétique repose sur eux




La Rédaction
03/12/2015

Si un effort de responsabilisation doit être entrepris par les acteurs des divers secteurs, de nombreuses entreprises françaises innovantes ont déjà commencé à s’organiser pour contribuer à la création d’une croissance verte et durable. Eclairage sur des entreprises qui œuvrent déjà pour faire de la transition énergétique le socle de notre futur énergétique et technologique.


La transition énergétique repose sur eux
Commence le règne des énergies vertes

En octobre dernier s’ouvrait la quatrième conférence sociale dont l’un des sujets principaux était la transition énergétique et écologique que François Hollande présente comme « le futur de l’industrie en France ». (1) Ainsi, la transition énergétique, se doit être « non pas une contrainte, ni une nouvelle fiscalité, mais un atout économique et du mieux vivre ». C’est ainsi que la qualifiait le Président de la République le lundi 19 octobre. Une promesse pour l’avenir à laquelle s’emploient déjà bon nombre d’entreprises. Les défis sont multiples, et pourtant, elles sont déjà nombreuses à voir dans ce passage à une croissance plus respectueuse, responsable et durable un moyen efficace d’allier respect de l’environnement et compétitivité économique.

Le premier des chantiers est celui de la production d’énergie. Si les grands énergéticiens nationaux se sont lancés eux aussi dans la course aux énergies renouvelables, le dynamisme du secteur repose surtout sur la myriade d’entreprises travaillant sur des énergies de niches, comme la géothermie. « C’est la seule énergie renouvelable de base, comme le nucléaire. Elle ne connaît pas l’intermittence de l’éolien et du solaire. De plus, elle est compétitive avec un coût moyen de 80 dollars le mégawattheure (MWh) [contre 105 dollars pour le nucléaire et 100 dollars pour la biomasse et l’hydrolien, ndlr] », explique Alain Chardon, directeur cleantechs de Capgemini Consulting (2). Fort de ce constat, le groupement d’entreprises Idex Energies et Egis Projects s’est ainsi récemment lancé dans la conception et la construction d’un vaste réseau de production d’énergie géothermique sur le sur le campus de Paris Saclay, en partenariat avec l’Etablissement public Paris-Saclay (EPPS). Mais toutes les énergies renouvelables suivent la même tendance. Les entreprises dans leur ensemble semblent avoir saisi l’intérêt stratégique, économique et éthique à se tourner vers ce marché florissant. Cependant, cette conversion à l’économie verte ne se fait pas sans ajustements…

Nouvelles énergies, nouveaux défis

Si le passage aux énergies solaires et éoliennes est à encourager, il ne faut néanmoins pas négliger les défis qu’il nous reste à relever. En effet, hormis la géothermie et plusieurs formes d’hydroélectricité, le caractère « variable » de telles énergies pose le problème de l’intermittence, puisque celles-ci dépendent des conditions climatiques. Leur production fluctue donc… Exploiter ces énergies implique dès lors de développer des solutions en matière de stockage d’énergie, car pour fournir une énergie de façon spontanée et stable, il faut en avoir en réserve et prête à l’emploi.

Le stockage apparait du coup comme la seule alternative pour faire correspondre l’offre et la demande instantanée. « Le développement des énergies renouvelables implique de savoir gérer leur variabilité. Le stockage d'énergie constitue donc une sorte de tampon », indique-t-on ainsi chez Forsee Power (3). PME basée en Ile-de-France, Forsee Power s’est précisément spécialisée dans les systèmes de batteries sur mesure et les solutions de stockage d’énergie. « Aujourd’hui, le développement des cellules est devenu si coûteux et si complexe que chaque fabricant de cellule se spécialise dans un segment, en misant soit sur la puissance développée, soit sur l’énergie stockée, ou sur d’autres critères, mais ils ne peuvent pas financer toutes les solutions requises par le marché », explique son PDG Christophe Gurtner (4). Le dirigeant ajoute par ailleurs : « Forsee Power ne fabrique pas de cellules mais  conçoit des systèmes complets, en intégrant et en concevant tous les éléments électroniques, mécaniques et thermiques et en sélectionnant les meilleures cellules disponibles sur le marché. Nous intervenons en jouant sur leurs spécificités propres et proposons des solutions totalement adaptées aux équipementiers ». Le savoir-faire singulier de Forsee Power, et son côté « sur-mesure » sont très sollicités sur nombre de projets, comme en Martinique où l’entreprise vient de fournir 65 systèmes de stockage d’énergie résidentiel. Forsee Power intervient aussi sur des questions d’écologie urbaine, en mobilité électrique : en mars 2015 l’entreprise était ainsi choisie par Akka Technologies pour équiper de sa batterie le premier « concept-car électrique Link & GO ». (5) Forsee Power participe également aux projets plus ambitieux, comme celui des futurs bus 100 % électriques qui équiperont les villes européennes dans les prochaines années. La RATP a d’ailleurs décidé de convertir la quasi totalité de son parc de bus à l’électrique d’ici 2025. Face aux exigences industrielles de tels projets, Forsee Power vient d’inaugurer de nouvelles lignes de production, mais son carnet de commandes la pousse à se tourner désormais vers les marchés boursiers pour accompagner la forte croissance qu’elle prévoit (6). Face un tel défi d’ingénierie, toutes les forces industrielles sont en effet nécessaires pour parvenir à une solution technique abordable, efficace et sûre.

Ce projet de la RATP est à lui seul le symbole du volet mobilité de la transition énergétique, concerné au premier chef par les problématiques de stockage d’énergie. Il est aussi le témoin d’une petite révolution des mentalités parmi les décideurs politiques, qui se décident enfin à donner l’impulsion publique et industrielle nécessaire. Mais si des défis technologiques résistent encore aux ingénieurs, le challenge majeur de la transition énergétique reste néanmoins l’éducation du public des consommateurs à des nouvelles pratiques de consommation…

Optimisation de la consommation et gestion « intelligente » de l’énergie

Après le renouvellement de notre « mix » énergétique, et l’optimisation du stockage pour une énergie prévisible et disponible, il ne manque plus qu’une « gestion intelligente » de celle-ci à l’autre bout de la chaîne. Des Systèmes de Gestion Intelligente de l’Energie au niveau des entreprises mais aussi des villes sont ainsi en développement. Ce sont les désormais célèbres « Smart Cities », les villes de demain, dont une partie du fonctionnement repose sur  une optimisation poussée de la consommation.

Aux bâtiments à basse consommation, tel l’emblématique nouveau siège d’Eiffage (7), et aux remarquables constructions à énergie positive (8), s’ajoute en effet l’innovation des compteurs intelligents. Afin de mieux penser la consommation électrique de demain et de synchroniser offre et demande pour éviter d’éventuelles pertes d’énergie, la filiale d’EDF ERDF développe notamment des compteurs d’électricité « intelligents » comme le compteur Linky. Construit par un consortium regroupant Itron, Landis+Gyr, Sagemcom, Maec, Elster et Ziv, ce « nouveau compteur communicant » est ainsi programmé pour recevoir des ordres et pour transférer des données sans que le particulier ait besoin de faire appel à un technicien. Cela permet, d’une part, de faciliter la vie du consommateur, et d’autre part, de l’aider à comprendre sa gestion énergétique individuelle. Car penser la consommation énergétique de demain c’est essentiellement, via ces dispositifs intelligents, faire correspondre au mieux la production énergétique à la demande, afin d’éviter d’éventuelles pertes, sur des réseaux qui devront eux-mêmes être optimisés.

Les entreprises comme les pouvoirs publics semblent prendre conscience que le moment est opportun pour entamer cette transition. Pourquoi ? Tout d’abord car le temps presse, mais aussi, parce que ce passage aux énergies vertes crée déjà de nouveaux marchés rentables, à l’image du photovoltaïque devenu récemment compétitif en France (9). Le succès actuel de ces « espoirs énergétiques » donne à la croissance verte une allure d’aubaine, sur fond de technologies et d’innovations. Mais si les entreprises œuvrent d’ores et déjà pour créer le modèle de demain, le défi majeur reste de familiariser les populations à ces nouveaux usages, au niveau collectif comme individuel. Car c’est véritablement sur le consommateur final que repose une large part du succès de la transition énergétique. Le challenge sera ainsi de convaincre les populations d’adopter de nouveaux réflexes énergétiques, ayant pour but principal des économies d’énergie. Un défi des plus ambitieux que d’éduquer à l’économie d’énergie une humanité qui atteint le « Jour du dépassement » de plus en plus tôt chaque année…
 
(1)http://www.novethic.fr/breves/details/francois-hollande-la-transition-energetique-doit-etre-un-atout-economique.html
(2)http://www.usinenouvelle.com/article/geothermie-l-energie-a-reveiller.N219083   
(3)http://tecsol.blogs.com/mon_weblog/2015/02/forsee-power-acteur-cl%C3%A9-du-stockage-d%C3%A9nergie.html
(4)http://www.lemoniteur.fr/article/stockage-de-l-energie-forsee-power-un-acteur-francais-emerge-24571981
(5)http://www.enerzine.com/1036/18236+forsee-power-va-electrifier-les-vehicules-du-futur+.html
(6)http://www.journaldeleconomie.fr/Christophe-Gurtner-PDG-de-Forsee-Power-les-raisons-de-notre-entree-en-bourse_a2914.html
(7)http://www.eiffage.com/files/live/sites/eiffage/files/Actualites/communiques/fr/communique_de_presseinauguration.pdf
(8)http://www.futura-sciences.com/magazines/maison/infos/dossiers/d/maison-maison-energie-positive-874/
(9)http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/021395638521-electricite-le-solaire-photovoltaique-devient-competitif-en-france-1164320.php
 










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