Carnets de l'Economie

Technologies compétitives et développement durable : le CAS a rendu sa copie




La Rédaction
07/11/2012

Le premier ministre du précédent gouvernement avait ordonné une saisine au CAS (Centre d'Analyse stratégique). Ce dernier a émis un compte rendu de 400 pages sur l'innovation technologique, au mois d'août dernier. Le bilan est encourageant, mais mitigé, car l’on ne sait toujours pas avec précision, le temps qu’il faudra aux énergies renouvelables pour devenir compétitives.


Réflexion sur les technologies compétitives

Technologies compétitives et développement durable : le CAS a rendu sa copie
Suite à une saisine ordonnée par le gouvernement au CAS, le directeur général du Centre d’analyse stratégique Vincent Chriqui, confiait à Jean Bergougnoux, directeur général honoraire d’EDF et président d’honneur de la SNCF, la tâche de dresser un bilan sur les technologies compétitives au service du développement durable. Ainsi, à l'heure où la France cherche à concilier progrès social, protection de l'environnement et croissance économique, le rapport de Jean Bergougnoux vient apporter  quelques lumières aux problématiques technologiques et révèle les enjeux des prochaines années. Publié le 28 août dernier, le rapport suggère une vision sur le long terme pour tenter de répondre aux problématiques technologiques, environnementales, économiques et sociales dans un même temps. Le CAS s'est donc penché sur les technologies actuelles et les progrès faits en matière d'efficacité énergétique, afin de déterminer quelles seront les technologies susceptibles de présenter un intérêt pour les prochaines années. Le CAS s'est également intéressé aux conditions d'intégration du progrès dans les systèmes actuels, et recommande dans l'une des quatre propositions de son rapport, d'élargir de manière géo spatiale, le concept de bâtiment à énergie positive.

Plus de bâtiments à énergie positive pour favoriser le photovoltaïque au sol

Partant du constat que les progrès technologiques en matière de toitures photovoltaïques tertiaires ou résidentielles sont inexistants, et que la production d'électricité à partir de cette énergie présente un coût de revient supérieur au photovoltaïque au sol, le CAS émet dans son rapport, la proposition d'élargir le concept de bâtiments à énergie positive. L'idée repose d'un côté sur le fait qu'un déploiement massif des toitures photovoltaïques résidentielles ou tertiaires représenterait un coût prohibitif, et de l'autre, que l'élargissement des bâtiments à énergie positive à des échelles de quartier ou îlots permettrait l'exploitation de centrale photovoltaïque au sol. L’atout majeur du photovoltaïque au sol est sont coût,  le déploiement massif de bâtiments à énergie positive représenterait donc une excellente alternative. De plus, selon le CAS, le rapport coût/ efficacité qu'admettrait la construction massive de bâtiments à énergie positive permettrait d'exploiter d'autres énergies au niveau local. Exploitation des réseaux de chaleur, utilisation de la biomasse et de l'énergie géothermique.

Les défis de l'éolien

Le rapport du CAS fait état d'une maturité technologique et économique avancée de l'éolien terrestre. Cependant, le problème foncier va s'accroitre au court des prochaines années, laissant à l'éolien terrestre, de faibles perspectives d'évolution. Bien qu'un parc éolien présente des coûts de production similaires à ceux de l'électricité européenne, et que l'impact sur l'environnement soit réduit, le public s'oppose farouchement à ce type d'installation qui porte atteinte aux paysages et occasionne des désagréments aux riverains qui habitent à proximité. Les défis techniques qu'impose les réticences du public, ne pourront être résolues avant une vingtaine d'années souligne Jean Bergougnoux. Raison pour laquelle l'éolien offshore offre de meilleures perspectives. Les progrès technologiques dans l'éolien offshore sont prometteurs et offriraient à terme, la possibilité d'une énergie très compétitive s'inscrivant dans le développement durable. Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire, et seul un saut technologique permettrait d’apercevoir l’horizon de la compétitivité de cette filière. Le nucléaire est la seule énergie offrant une visibilité sur un avenir à court et moyen terme.

Le nucléaire reste dans la course

Dans l'objectif de respecter son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la France ne pourra de toute évidence, pas se passer du nucléaire avant plusieurs décennies. Les polémiques autour de l'énergie atomique ont été relancées par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, qui prône le nucléaire comme étant l'énergie d'avenir. Il est vrai que les progrès liés à l'exploitation de cette énergie sont les plus significatifs. Le rapport du CAS salue d'ailleurs les avancées réalisées en matière de performance des réacteurs. En effet, ces derniers consomment de moins en moins d'uranium, et produisent de moins en moins de déchets radioactifs, tout en produisant davantage d’énergie. Des progrès et performances accomplis sur un laps de temps très court et qui évoluent encore. En effet, les réacteurs nucléaires de génération IV, encore en cours de développement, devraient accroitre davantage les performances des centrales. Sans prendre parti pour le nucléaire, le rapport du CAS met donc en avant les progrès réalisés dans le domaine, et son potentiel.

Synthèse des perspectives énergétiques

En conclusion, l'éolien terrestre présente l'inconvénient majeur de l'insertion environnementale. Ainsi, pour assurer le développement de cette filière le CAS affirme que le coût du Kilowattheure devra diminuer de 15 à 20 % d'ici 2020, et que la qualité du service rendu devra être améliorée pour favoriser l'acceptation de cette solution par le grand public. D'un autre côté, l'éolien offshore qui demeure coûteux et en phase expérimentale offre de très bonnes perspectives d'avenir. Des innovations devront apparaitre pour que cette filière s'ouvre les portes d'un marché mondial. Les centrales photovoltaïques au sol seraient une bonne alternative si leur compétitivité ne rencontrait pas le problème du foncier. Mais c'est un aspect qui peut être résolu par l'extension des bâtiments à énergie positive. Sans oublier que la densité de puissance par unité de surface d'une centrale photovoltaïque au sol est 60 fois supérieure à celle d'une centrale nucléaire, et que l'exploitation de l'énergie géothermique en local serait favorisée. Mais là encore, les avancées technologiques ne sont pas à la hauteur des besoins de compétitivité, et la géothermie profonde pourrait constituer une meilleure alternative pour tenir compte des contraintes environnementales, sociales et économiques. Enfin, la filière bio masse et énergie thermique nécessite une meilleure organisation.















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