Carnets de l'Economie

Smart Data, ou comment tirer du sens du Big Data




La Rédaction
07/01/2015

Le « Big Data », cet anglicisme désignant l’immense quantité de données numériques auxquelles nous avons accès désormais, pourrait bien révolutionner des pans entiers de nos sociétés. A condition que l’on sache en tirer du sens : autrement, elles ne resteront qu’une masse gigantesque d’informations sans queue ni tête.


Des Big aux Smart Data : gérer l’abondance

En 2012, Stephen Gold d’IBM disait : « 90 % de l’ensemble des données du monde ont été créées ces deux dernières années ». Et une récente étude IDC prévoit qu’entre 2013 et 2020 la quantité de données de l’univers digital aura été multipliée par 10 (1). Car le flux comme le stock ne cessent de grossir, entre l’information produite par les entreprises et les particuliers, et les données générées par les objets connectés, de plus en plus nombreux. Le Big Data porte donc bien son nom… Mais sans traitement, sélection, croisements et tris, il n’est qu’un amas de données dénuées de sens et de pertinence, et donc impossible à exploiter utilement. D’où l’intérêt d’en faire émerger ce que l’on nomme des « Smart Data », consistant à dégager du sens de la complexité et de l’abondance du Big Data.
 
Pour expliquer ce passage du Big aux Smart Data, l’agence marketing Camp de Bases propose son schéma des « 5S » (2) : Stratégie, Sourcer, Sélectionner, Signifier,  Symboliser. En bref, pour donner du sens au Big Data, il faut passer par un processus qui démarre par une réflexion stratégique quant à ce que l’on veut en faire, jusqu’à la représentation claire et utilisable des données, en passant par les étapes techniques de traitement intelligent. Une première approche intéressante, peut-être trop générale, mais qui rencontre des échos dans de nombreux secteurs d’activités.
 
Des applications dans le monde de l’entreprise

Dans les domaines du marketing et de la relation client, les données relatives aux consommateurs, depuis longtemps considérées comme précieuses, se multiplient toujours plus. Le défi n’est donc plus tant de les trouver, que de les traiter. « Les enseignes ont, à l’évidence, tout à gagner à basculer dans une logique de Big Data, et même de « Smart Data », c’est-à-dire de passer d’un processus de collecte quantitative de données, à une exploitation qualitative et intelligente de celles-ci », explique Laurent Houitte de Wincor Nixdorf, intégrateur métier pour la banque et la distribution.
 
Chez Allianz, qui utilise la plate-forme Neolane d’Adobe, la gestion intelligente des « mégadonnées » a permis d’améliorer la pertinence des campagnes marketing : « Depuis que notre stratégie marketing repose sur la gestion du Big Data, nous sommes passés de larges campagnes d’assurance à des campagnes finement ciblées très pertinentes », analyse James Horsburgh, de Allianz Retail UK. Mais d’autres secteurs ont su aussi tirer profit des Smart Data : l’équipe de football allemande utilise un système développé par SAP qui analyse les données des caméras et des capteurs biométriques des joueurs. L’entraîneur adjoint, Olivier Bierhoff, explique la valeur ajoutée des Smart par rapport aux Big Data : « nous avions déjà des données, mais nous ne savions pas comment les utiliser ou les agréger rapidement et les rendre intéressantes. Grâce à ce logiciel, nous avons la possibilité de travailler de manière individuelle avec les joueurs vite et intelligemment, et de rassembler plusieurs sources d’information en un seul outil », détaille-t-il.
 
L’exploitation intelligente des Big Data ouvre également des possibilités en matière d’applications prédictives. Amazon a ainsi annoncé travailler sur cette base à la mise au point d’un algorithme qui permettrait de prévoir la commande de l’internaute avant même qu’il ne l’ait passée. Et donc d’anticiper sa préparation. Mais au-delà du commerce et des comportements des consommateurs,  les données intelligentes sont aussi sources de profondes innovations en matière d’énergie, de santé, ou encore de développement durable.
 
Intelligence des données et environnement, services publics, santé…

Les villes par exemple sont désormais de très grosses productrices d’informations : on sait collecter et stocker les données sur la consommation d’énergie, d’eau, de gaz, sur les flux de circulation, sur le fonctionnement des transports…  Autant d’informations qui peuvent encombrer des tableurs, ou se révéler utiles, une fois triées, analysées et présentées, pour améliorer l’empreinte écologique de la ville ou les services aux usagers. Cofely Ineo, entreprise spécialisée dans le génie électrique, les systèmes d’information et de communication et les services associés, développe ainsi tout un panel de produits et de services reposant sur la collecte et le traitement des Big Data produites par la ville. Données relatives à l’état des réseaux, énergétiques, sur les transports et la mobilité, sur l’éclairage public, sont rassemblées sous forme opérationnelle dans des tableaux de bord mis à la disposition des gestionnaires de la ville. Les Smart Data ainsi constituées deviennent donc des outils concrets de suivi et d’aide à la décision, mais aussi le socle de services innovants (optimisation de l’efficacité énergétique, offre améliorée de transports…). « Les objets techniques n’ont aucune raison d’être par eux-mêmes. Ils n’existent que par l’interdépendance que l’on crée, non pas entre eux, mais par rapport aux usages et services que l’on décide de constituer », rappelle d’ailleurs Carlos Moreno, conseiller scientifique chez Cofey Ineo.
 
Le traitement des données médicales est également au cœur d’une révolution du secteur de la santé. De Google Flutrends, qui permet de suivre l’évolution d’une épidémie à partir des requêtes web effectuées, aux logiciels de traitement des bases de données médicales et hospitalières – comme les propose l’éditeur Talend par exemple, les innovations ne manquent pas pour montrer comment il est possible de tirer du sens et une utilité de cette gigantesque masse des données. Ce qui n’enlève rien au fait que les experts restent « les seuls capables de dégager de ces masses innombrables de données une véritable connaissance », affirme Yves de Montcheuil, de Talend. « Les données sont le carburant de l’intelligence », résume le sociologue Bruno Marzloff (3). Et celle-ci reste bien humaine…
 
(1) http://france.emc.com/infographics/digital-universe-2014.htm
(2) http://datamanagement-le-blog.com/category/infographies-cdb/
(3) Manifeste pour une ville vraiment intelligente : http://www.rslnmag.fr/post/2012/06/29/Bruno-Marzloff-manifeste-pour-une-ville-vraiment-intelligente.aspx   










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