Carnets de l'Economie

Taux d’usure : la mensualisation restera en vigueur en 2023




Paolo Garoscio
07/06/2023

La mensualisation du taux d'usure, initialement prévue pour se terminer en juillet 2023, a été prolongée jusqu'à la fin de l'année, voire jusqu'au début de 2024. Cette décision, bien que bénéfique pour certains, pourrait avoir des conséquences négatives pour d'autres.


Les implications de la mensualisation du taux d'usure

La mensualisation du taux d'usure, mise en place en février 2023, a été instaurée pour éviter le blocage des dossiers de crédit immobilier. Le taux d'usure, qui est le taux maximal auquel les banques peuvent prêter, était auparavant révisé trimestriellement. Cependant, avec l'augmentation rapide des taux de crédit, de nombreux dossiers se sont retrouvés bloqués, d'où le passage à une révision mensuelle.

Cependant, cette mensualisation a également un effet pervers. Elle permet aux banques de continuer à augmenter rapidement les taux de crédit, qui ont déjà connu une hausse significative au premier semestre 2023. Les banques visent des taux de plus de 4% par an, toutes durées de crédit confondues, dès l'été 2023.

Les conséquences pour les emprunteurs et le Marché Immobilier

D'un côté, la mensualisation du taux d'usure a permis de débloquer les dossiers les plus tendus en un laps de temps relativement court. Cependant, l'augmentation des taux de crédit a pour conséquence une baisse du pouvoir d'achat, frappant en premier lieu les ménages modestes et les primo-accédants. Cette situation pourrait entraîner un blocage du marché immobilier.

En outre, le maintien de la mensualisation du taux d'usure pour l'ensemble de l'année 2023 pourrait exacerber cette situation. Le nombre de faillites dans le secteur immobilier, notamment chez les courtiers et les agences, est en forte augmentation, tandis que le nombre de ventes conclues est en baisse.

La situation pourrait néanmoins se débloquer dans le cas où les vendeurs seraient contraints de baisser les prix de leurs biens. L’impossibilité de trouver un acquéreur, du fait de la hausse des taux des crédits et de la conséquente perte de pouvoir d’achat, pourrait conduire à une chute des prix qui permettrait une sorte d’équilibre. Mais ce retournement du marché immobilier, où les prix ont atteint des records, n’aura pas lieu à court terme.