Carnets de l'Economie

Sanctions américaines : Washington cible le pétrole russe




Aurélien Lacroix
24/10/2025

Les sanctions américaines annoncées le 22 octobre 2025 contre les entreprises pétrolières russes marquent une inflexion majeure dans la politique économique de Washington. En visant Rosneft et Lukoil, les États-Unis choisissent d’agir sur le levier industriel et commercial de la Russie, au cœur de la guerre en Ukraine.


Une mesure ciblée sur l’industrie pétrolière russe

Le département du Trésor américain a confirmé, le 22 octobre 2025, une série de sanctions financières et commerciales. Cette décision, motivée par la poursuite du conflit en Ukraine, s’inscrit dans une logique d’endiguement économique de la Russie. Elle vise à restreindre ses capacités d’exportation d’énergie et à perturber les chaînes de valeur industrielles liées au pétrole.

Les nouvelles sanctions américaines concernent directement Rosneft et Lukoil, acteurs essentiels de la production et de l’exportation d’hydrocarbures russes. Selon le communiqué du département du Trésor, les mesures incluent le gel des avoirs aux États-Unis, l’interdiction de transactions en dollars et l’inscription sur la liste noire de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC). Trente-quatre filiales opérant dans le raffinage, le transport et le négoce sont également visées.

Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a justifié cette décision en déclarant : « Compte tenu du refus du président Poutine de mettre fin à cette guerre insensée, le Trésor sanctionne les deux plus grandes compagnies pétrolières russes qui financent la machine de guerre du Kremlin ».

Ces sanctions s’appuient sur l’ordonnance exécutive 14024, qui autorise le gouvernement américain à bloquer les entités opérant dans le secteur de l’énergie de la Fédération de Russie. Elles visent à restreindre la capacité de Moscou à convertir ses recettes d’exportation en devises fortes et à freiner l’approvisionnement de son complexe militaro-industriel.

En janvier 2025 déjà, Washington avait sanctionné plus de 180 navires utilisés pour le transport du brut, plusieurs traders et compagnies d’assurance. Le dispositif actuel prolonge et approfondit cette stratégie. Les acteurs privés ont été avertis qu’ils risquaient des mesures secondaires s’ils poursuivaient leurs activités avec les entités concernées.

Une offensive à portée géo-économique et industrielle

Les sanctions américaines interviennent dans un contexte où la Russie demeure l’un des premiers fournisseurs mondiaux de pétrole brut, représentant environ 10 % de la production globale. Rosneft et Lukoil assurent, à elles seules, près de la moitié de cette production. En les ciblant, Washington agit sur le principal levier économique du Kremlin.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les recettes d’exportation russes issues du pétrole et des produits raffinés ont atteint 13,35 milliards USD en septembre 2025, contre 13,58 milliards USD en août, confirmant une tendance à la baisse. Ce recul s’explique par la multiplication des sanctions et le retrait progressif de certains acheteurs européens.

En parallèle, le rabais du brut russe Urals par rapport au Brent a atteint 5,13 USD le baril en septembre, soit une hausse de 39 % sur un mois. Cette décote illustre la difficulté croissante pour la Russie d’écouler son pétrole dans des conditions de marché normales.

La logique américaine est claire : créer un effet de raréfaction des débouchés pour la Russie tout en consolidant les filières énergétiques alternatives, notamment nord-américaines et moyen-orientales. Washington cherche ainsi à redéfinir la géographie du commerce mondial de l’énergie, en transférant le centre de gravité vers ses alliés.


 










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