Carnets de l'Economie

Prix des produits alimentaires : il n'y a pas de phénomène généralisé de hausses injustifiées




Anton Kunin
20/07/2022

Si les prix des produits alimentaires ont connu des hausses considérables (+5,7% sur un an en juin 2022, d’après les derniers chiffres publiées par l’INSEE), dans la majorité des cas on n’est pas en présence de hausses injustifiées ou de pratiques illicites, a conclu une « mission flash » du Sénat.


L’envolée des prix des matières premières agricoles et industrielles, première cause de la hausse des prix en rayon

Les industriels de l’agroalimentaire ou les enseignes de la grande distribution, ont-ils augmenté excessivement les prix au détriment du consommateur ? Dans l’immense majorité des cas, la réponse est « non », a conclu une « mission flash » du Sénat, réalisée par les sénateurs Sophie Primas, Daniel Gremillet et Anne-Catherine Loisier. Dans la grande majorité des cas, cette hausse des prix en rayon est la traduction directe de l’envolée spectaculaire des prix des matières premières agricoles et industrielles, expliquée à la fois par la reprise économique en 2021 (demande en hausse, offre encore désorganisée), les aléas climatiques extrêmes (dôme de chaleur au Canada, sècheresses, gel tardif etc.). La guerre en Ukraine, quant à elle, expliquerait pour seulement 30% l’inflation constatée. Si cette guerre n’a pas provoqué cette inflation, elle l’a en revanche renforcée et accélérée, déplorent les sénateurs.

Les auteurs de cette « mission flash » ont constaté que l’essentiel des augmentations demandées par les producteurs était bien en lien avec la hausse des coûts de production. « Autrement dit, il ne semble pas y avoir de phénomène massif de « hausses suspectes », comme avancé dans le débat public, c’est-à-dire des tentatives généralisées de la part des industriels de profiter d’un effet d’aubaine », écrivent-ils.

Des pratiques déloyales, bien que minoritaires, ont bel et bien eu lieu

Comme l’expliquent les sénateurs, face à cette hausse des coûts de production, les industriels ont deux choix : soit ils tentent de les répercuter en demandant des hausses de tarifs à la grande distribution, soit ils les supportent sans les répercuter, ce qui signifie qu’ils rognent considérablement leurs marges, déjà malmenées par neuf ans de déflation des prix alimentaires. La grande distribution, elle, a le choix entre trois options : soit elle refuse les hausses de tarifs, soit elle les accepte mais ne les répercute pas (elle comprime ses marges), soit elle les accepte et les répercute dans les rayons. Toutes ces options ont, dans telle ou telle mesure, été explorées par les industriels au cours de l’année écoulée.

Cependant, tout n’est pas rose dans le secteur. Des pratiques contestables de la part de certains distributeurs et industriels ont été mises au jour, comme le chantage à la rupture de stock ou le fait d’augmenter les prix dans les rayons sans même que le tarif d’achat ait augmenté.