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PayPal veut devenir une banque pour accélérer dans les prêts aux entreprises




Anton Kunin
16/12/2025

Le 15 décembre 2025, PayPal a officiellement déposé une demande d’agrément pour établir une banque aux États-Unis. Dans un contexte politique et concurrentiel jugé plus favorable qu’auparavant, cette initiative marque un tournant pour le groupe, déjà omniprésent dans les paiements numériques, qui entend désormais renforcer son rôle dans le financement des petites et moyennes entreprises.


​Une licence bancaire, un levier pour accélérer les prêts aux entreprises

PayPal ne cache plus ses ambitions. En sollicitant une licence bancaire de type « industrial loan company », l’entreprise souhaite contrôler directement une partie de la chaîne de financement. Jusqu’ici, PayPal s’appuyait sur des établissements partenaires pour octroyer des prêts. Désormais, cette dépendance apparaît comme une limite stratégique, alors même que la demande de crédit des entreprises reste forte.

Par ailleurs, PayPal met en avant un objectif précis : faciliter l’accès au capital pour les petites entreprises américaines. « L’accès au capital reste un obstacle majeur pour les petites entreprises qui cherchent à croître et à changer d’échelle », a déclaré Alex Chriss, le directeur général du groupe, au Financial Times le 16 décembre 2025. En devenant banque, PayPal pourrait octroyer des prêts plus rapidement, avec des coûts opérationnels réduits et une meilleure maîtrise du risque.

Dans le même temps, cette licence bancaire permettrait à PayPal de proposer des produits d’épargne assurés par la FDIC. Même si l’angle principal reste le crédit aux entreprises, cette capacité élargit l’écosystème financier de PayPal. Elle renforce aussi la crédibilité du groupe face aux banques traditionnelles, qui restent des concurrentes directes sur le terrain des prêts professionnels.

Pourquoi PayPal demande une licence bancaire maintenant

Le calendrier de cette demande n’a rien d’anodin. PayPal agit dans un contexte réglementaire américain perçu comme plus accommodant pour les acteurs technologiques. Plusieurs médias soulignent que l’environnement politique actuel encourage une intégration plus fluide entre fintechs et système bancaire traditionnel. Selon le Financial Times, cette dynamique s’inscrit dans une volonté plus large de desserrer certaines contraintes pesant sur les nouveaux entrants financiers, tout en maintenant un cadre prudentiel contrôlé.

De plus, PayPal dispose déjà d’une expérience significative dans le financement. Depuis 2013, l’entreprise a accordé plus de 30 milliards de dollars de prêts et d’avances de trésorerie à des entreprises dans le monde, soit environ 27,6 milliards d’euros après conversion. Ce volume illustre un paradoxe : PayPal est déjà un acteur majeur du crédit, sans pour autant disposer d’un statut bancaire complet. La licence apparaît donc comme une mise en cohérence entre les activités réelles du groupe et son cadre réglementaire.

Enfin, la concurrence joue un rôle déterminant. D’autres acteurs de la fintech renforcent leurs offres de prêts aux entreprises, souvent en partenariat avec des banques ou via des montages réglementaires complexes. Dans ce contexte, PayPal semble vouloir simplifier son modèle. En internalisant certaines fonctions bancaires, l’entreprise pourrait gagner en rapidité d’exécution, mais aussi en marges, tout en sécurisant son accès aux dépôts et aux liquidités.

Un compromis entre flexibilité opérationnelle et supervision réglementaire

Le choix d’une « industrial loan company » n’est pas neutre. Ce type de licence bancaire, autorisé notamment dans l’Utah, permet à une entreprise non bancaire de proposer des prêts et certains services financiers, sans être soumise à l’ensemble des contraintes imposées aux holdings bancaires classiques. Cette structure offre à PayPal un compromis entre flexibilité opérationnelle et supervision réglementaire. Par conséquent, PayPal pourrait renforcer son offre de prêts aux entreprises tout en limitant les coûts de conformité. Cette stratégie répond aussi à une réalité économique : les petites entreprises constituent l’un des segments les plus dynamiques et les plus rentables du marché financier américain. En contrôlant directement la banque, PayPal pourrait ajuster ses critères de crédit grâce aux données transactionnelles dont il dispose déjà, un avantage compétitif considérable face aux banques traditionnelles.

Cependant, cette évolution ne se fera pas sans surveillance. Les autorités américaines examineront attentivement la gouvernance, la gestion des risques et la protection des dépôts. PayPal l’a d’ailleurs reconnu dans son communiqué du 15 décembre 2025, indiquant que la future entité bancaire fonctionnerait de manière indépendante, avec ses propres exigences prudentielles. Vous l'aurez compris : PayPal ne cherche pas à devenir une banque universelle, mais à consolider son cœur de métier : financer l’économie réelle via des solutions numériques rapides et intégrées. Le crédit aux entreprises devient ainsi le pivot d’une stratégie bancaire ciblée, pensée pour durer.


Tags : banque, Paypal








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