Carnets de l'Economie

Le télétravail, un acquis non négociable pour les cadres




Aurélien Delacroix
13/03/2024

Depuis la crise sanitaire, le télétravail a connu une adoption massive parmi les cadres, une tendance que la dernière étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) confirme.


Une adoption massive et irréversible du télétravail chez les cadres

Près de la moitié des cadres interrogés (45%) envisageraient ainsi de démissionner si le télétravail leur était retiré, signe que cette modalité de travail est désormais profondément ancrée dans leur quotidien professionnel. Avec 69% des cadres se disant mécontents à l'idée de voir le télétravail réduit, et 82% en cas de suppression, le message est clair : le télétravail est perçu comme un acquis essentiel.

L'étude, s'appuyant sur des enquêtes réalisées auprès de 3.000 cadres entre novembre 2023 et janvier 2024, révèle l'ampleur du phénomène. Deux tiers des cadres télétravaillent au moins un jour par semaine, avec un quart d'entre eux qui le font plus de deux jours. Cette pratique leur permet une meilleure organisation de leurs tâches, favorisant les activités collectives au bureau et les tâches individuelles à domicile. De plus, le télétravail est devenu un critère déterminant de l'attractivité des entreprises : un cadre sur deux considère désormais son absence comme un critère rédhibitoire.

Une présence au bureau toujours dominante en France

Malgré ses avantages, le télétravail n'est pas sans soulever des questions, notamment sur l'intégration des nouveaux salariés, l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que la communication au sein des équipes. Ces défis sont particulièrement prégnants pour les cadres les plus jeunes, qui sont plus sensibles aux enjeux d'intégration et de progression professionnelle.

Paradoxalement, alors que les cadres français plébiscitent le télétravail, une étude de JLL révèle que les Français restent les champions européens de la présence au bureau, avec une moyenne de 3,5 jours par semaine. Ce constat soulève un débat sur la productivité et le sens du collectif, poussant certaines entreprises à réévaluer leur politique de télétravail. L'exemple de Groupama Immobilier, qui a récemment réintroduit un retour complet au bureau, illustre cette réflexion sur l'équilibre entre travail à distance et présence physique.

Cette enquête souligne l'évolution de la perception du télétravail, passant d'un enthousiasme initial pour les gains de productivité et d'espace à une prise de conscience des besoins en matière de collaboration et d'innovation. Si un retour complet au modèle pré-pandémie semble improbable, la tendance se dirige vers un modèle hybride, où le télétravail coexisterait avec une présence au bureau, ajustée selon les besoins spécifiques de chaque entreprise.