Carnets de l'Economie

Le prélèvement à la source, un cadeau empoisonné pour les emprunteurs




Anton Kunin
29/06/2018

Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, censé faciliter la vie aux nombreux ménages, va au contraire la compliquer pour une partie de la population, au premier titre les emprunteurs.


Prélèvement à la source égal réduction de la capacité d’emprunt

Les Français qui souscriront un crédit immobilier en 2019 ne risquent pas de se réjouir, puisque même à salaire constant, leur capacité d’emprunt diminuera. En cause : le prélèvement automatique de l’impôt sur le revenu, et donc la diminution des salaires nets.

Car à ce jour, pour évaluer le taux d’endettement et donc la capacité d’emprunt d’une personne, les banques ne tiennent pas compte des impôts. Elles prennent les revenus nets perçus par le ménage et font un rapport entre la future charge de remboursement mensuelle et ces revenus. « Si les banques calculent le taux d’endettement maximum en prenant en compte le salaire après impôts, la capacité d’emprunt sera réduite d’autant, entraînant une perte de pouvoir d’achat immobilier, ce qui n’est évidemment pas souhaitable ni pour les emprunteurs, ni pour le marché, ni même pour les banques », explique Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer.

Les investisseurs en Pinel, doublement victimes du prélèvement à la source

À cela s’ajoute « un effet psychologique d’appauvrissement ». Car « même si 60 % des Français qui paient l’impôt sur le revenu sont mensualisés, ce n’est pas la même chose psychologiquement d’avoir son salaire en début de mois, puis un prélèvement de l’impôt le 15 du mois seulement dix mois sur douze, que de débuter le mois avec un salaire inférieur, même si bien sûr, cela revient au même mathématiquement », estime Jérôme Robin, directeur général de Vousfinancer.

Et s’il y a une catégorie d’emprunteurs qui seront impactés plus que les autres, ce sont les personnes réalisant un investissement locatif en Pinel. Étant donné la réduction d’impôts, leur pouvoir d’achat effectif sera supérieur au montant de leur salaire. À moins que les banques en tiennent compte dans leur calcul de la capacité d’emprunt, des centaines de projets immobiliers risquent de ne pas se réaliser, faute de pouvoir obtenir un financement.










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