Carnets de l'Economie

Le chômage augmente encore en France au deuxième trimestre 2025




François Lapierre
30/07/2025

Au deuxième trimestre 2025, les statistiques publiées par la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) font état d’une baisse apparente du nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine.


5,6 millions de chômeurs en France

En moyenne trimestrielle, 5 612 100 personnes étaient inscrites à France Travail dans les catégories A, B et C, soit une diminution de 2,2 % par rapport au trimestre précédent. Cette tendance est également visible dans les chiffres de la catégorie A seule, qui regroupe les personnes sans aucune activité, avec un effectif de 3 212 400 inscrits, en recul de 2,7 %. Les catégories B et C, correspondant aux demandeurs d’emploi en activité réduite, totalisent pour leur part 2 399 700 personnes, en baisse de 1,5 %.

Toutefois, l’analyse sur douze mois révèle une dynamique différente. Le nombre d’inscrits en catégorie A progresse de 6,6 % sur un an. Pour l’ensemble des catégories A, B et C, la hausse atteint 4,1 %. En élargissant l’observation à toutes les catégories confondues, de A à E, le nombre total d’inscrits s’élève à 6 353 400, affichant une baisse trimestrielle identique (−2,2 %), mais une croissance annuelle de 3,4 %.

Des réformes qui falsifient les chiffres

La Dares souligne que ces évolutions sont en partie imputables à des changements réglementaires introduits en 2025. La loi dite "Plein emploi", entrée en vigueur en janvier, a modifié les règles d’actualisation mensuelle des demandeurs d’emploi, générant une augmentation des sorties pour défaut d’actualisation. Cette évolution a contribué à réduire artificiellement le nombre de personnes comptabilisées en catégorie A, tout en favorisant leur transfert vers les catégories B et C. Par ailleurs, l’application du décret "Sanction", mis en œuvre à partir de juin, a remplacé certaines radiations administratives par des suspensions temporaires assorties de mesures de remobilisation, ce qui a mécaniquement réduit le nombre de sorties des listes. Selon les estimations de la Dares, les radiations ont ainsi reculé de 15 % sur le trimestre.
Afin de corriger l’effet de ces réformes sur la lecture des chiffres, la Dares propose une neutralisation statistique de ces biais. Une fois ces ajustements opérés, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A ressort en hausse de 0,2 % sur le trimestre. Pour l’ensemble des catégories A, B et C, la progression réelle atteint 0,9 %. Ces estimations corrigées traduisent une évolution conjoncturelle positive du chômage, masquée par des effets administratifs.

Finalement, le chômage augmente en France

Sur une base annuelle, après retraitement, la Dares évalue la hausse de la catégorie A à 6,0 %, confirmant une détérioration persistante de la situation sur le marché du travail. L’augmentation de 4,1 % sur un an pour l’ensemble des inscrits en catégories A, B et C, corrigée des effets réglementaires, reste conforme à celle observée dans les chiffres bruts, ce qui renforce la crédibilité du diagnostic conjoncturel.
En dépit de la baisse apparente des inscrits au deuxième trimestre, la réalité sous-jacente du marché du travail reste marquée par une progression modérée mais continue du chômage. Le ralentissement des radiations et le resserrement des règles d’actualisation ont certes un effet sur les effectifs administrés, mais n’inversent pas la tendance de fond. Les données corrigées publiées par la Dares invitent ainsi à une lecture prudente des chiffres bruts, et rappellent l’importance de l’analyse conjoncturelle pour comprendre l’évolution réelle de l’emploi en France.

 











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