Carnets de l'Economie

La puissance du lobby des opérateurs de l'internet




La Rédaction
24/05/2012

La Commission Européenne ne résiste pas au lobby des opérateurs internet. La commissaire européenne au numérique, Neelie Kroes, se range désormais du côté des opérateurs de la toile et cette prise de partie n'est pas sans conséquence des offensives lobbyistes.


La puissance du lobby des opérateurs de l'internet
Les infrastructures haut débit en question

Améliorer l'accès au haut débit sur le plan européen fait partie des prérogatives d’un Digital Agenda. La bande passante devenant insuffisante à la desserte d'une connexion haut débit, l'investissement dans des infrastructures est devenu nécessaire. Le réseau ADSL rencontre en effet le problème d'une surconsommation de bande passante du aux sites de streaming vidéo. Ainsi, offrir des offres illimitées peut avoir des conséquences sur la qualité de la connexion. Un déploiement plus ambitieux de la fibre optique est donc à envisager, mais les opérateurs tiennent pour responsables les sites de streaming et n'entendent pas investir seuls dans ces infrastructures. Ces derniers préfèrent en effet remodeler leurs offres en plafonnant la consommation des utilisateurs pour mieux répartir la bande passante et ainsi améliorer la qualité de la connexion. Un scénario que les lobbies ont réussi à faire accepter à la commissaire au numérique ; Neelie Kroes

Neelie Kroes et sa vision du numérique

Favorable aux opérateurs, Neelie Kroes semble prendre position de façon précipitée et quelque peu influencée par les lobbies des télécoms. Toutefois, cette dernière rejoint parfois le discours d’Éric Besson, ministre de l’Économie numérique française opposé aux demandes des opérateurs. Toujours est-il que Neelie Kroes affirme rester du côté des opérateurs dont les scénarii proposés faciliteront l'atteinte des objectifs du Digital Agenda. Ainsi, si les géants du contenu ne veulent pas participer à l'investissement dans les infrastructures, les offres illimitées risqueraient de disparaître. Selon elle, les offres « full internet » peuvent tuer l'innovation et la compétitivité des offres. Mais bien qu'elle soit du côté des opérateurs, ces derniers peinent à mettre la main à la poche pour financer le déploiement de la fibre. En clair, plafonner les offres sur le réseau ADSL reste plus rentable pour ces derniers que de basculer l’illimité sur un réseau fibre. Investir dans la fibre, oui, mais à condition que les éditeurs de contenus participent. Éric Besson s'oppose par ailleurs farouchement à un plafonnement de l’illimité.

Pas de plafonnement pour la France

La France propose l’une des meilleures offres au monde en matière d’accès internet. Tous les opérateurs confondus proposent en effet des offres sans aucune limitation de volume échangé. Ainsi récemment, Éric Besson s’opposait fermement à tout plafonnement et affirme que le gouvernement travaille à un meilleur cadrage du terme « illimité » afin que les consommateurs soient mieux protégés. Mais les dernières déclarations de la Fédération Française des Télécoms laissent insinuer que l’aboutissement d’un plafonnement est toujours d’actualité. Force est de constater que les lobbies ne baissent pas les bras et possèdent une forte influence.