Carnets de l'Economie

Horaires atypiques : les femmes les moins qualifiées sont les plus exposées




Anton Kunin
27/04/2022

Alors que les cadres connaissent une relative normalisation de leurs horaires de travail, avec un recul des horaires atypiques, mais aussi des horaires imprévisibles et variables, ce sont les femmes peu qualifiées qui pâtissent le plus de la montée des horaires atypiques, en particulier du travail habituel le samedi et le dimanche, peut-on lire dans l’étude « Horaires atypiques de travail : les femmes peu qualifiées de plus en plus exposées » publiée par l’Institut national d’études démographiques (INED) le 27 avril 2022.


Pour les femmes, plus que pour les hommes, l’exposition aux horaires atypiques est corrélée au niveau de diplôme

Si la proportion des salariés travaillant en horaires atypiques (tôt le matin (5h-7h), tard le soir (20h-0h), la nuit (0h-5h), le samedi, le dimanche) est restée stable entre 2013 et 2019 (37% des femmes et 35% ou 36% des hommes), cette stabilité est un trompe-l’œil. Si l’on regarde la situation de plus près, on se rend compte que le travail en horaires atypiques a reculé pour les cadres mais a augmenté pour les salariés les moins qualifiés. Cette tendance est encore plus prononcée pour les femmes.

Chez les hommes, la part des cadres en horaires atypiques a diminué de 14 % entre 2013 et 2019, tandis que celle des ouvriers non qualifiés a stagné. Chez les femmes, la proportion de cadres travaillant en horaires atypiques a baissé de 23% entre 2013 et 2019 mais a augmenté pour les ouvrières les moins qualifiées (+11% sur la même période).

Les femmes peu qualifiées sont plus nombreuses que les hommes à travailler le samedi et le dimanche

D’autres différences selon les sexes peuvent également être observées. Les auteurs de cette étude observent que la part des hommes travaillant le samedi et le dimanche a diminué. Ces derniers restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit. Les femmes, elles, travaillent plus souvent le samedi et le dimanche.

Cela concerne surtout les femmes les moins qualifiées et se comprend quand on considère que les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce et de la distribution, où le travail dominical a progressé (vendeuse, agent de nettoyage, ou personnel polyvalent qui se développe avec l’automatisation des caisses), ainsi que dans les métiers du soin et des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide-ménagère).