Carnets de l'Economie

Goëmar se lance à l'assaut du monde




La Rédaction
19/06/2012

Sur le papier, Goëmar est une petite PME française installée à Saint-Malo...


Goëmar se lance à l'assaut du monde
Fondée en 1971, elle emploie aujourd’hui 80 personnes. Elle développe des engrais et des produits de protection des cultures pour l'agriculture en France et à l'étranger. C'est la particularité de ses produits qui va permettre à Goëmar de se positionner rapidement comme un acteur majeur. En effet, ne fournissant que des produits propres, Goëmar utilise une technologie fondée sur les propriétés naturelles des algues qui renferment l'essentiel des éléments nécessaires à la protection des cultures. Dans un secteur envahi par les pesticides et les produits chimiques, Goëmar propose uniquement des solutions écologiques et efficaces. Pour cette entreprise, la recherche est essentielle, comme en témoignent les multiples brevets déposés. Elle a adapté son offre aux besoins des différentes cultures, grâce à cet effort en R&D. À l'heure de la défense de l'environnement, cette entreprise novatrice confirme son succès à l'international avec une stratégie de développement qui ne fait que répondre aux besoins de son marché.

Le marché de Goëmar : le monde

Goëmar est par nature une entreprise à vocation internationale, du fait de son marché : l'agriculture. Elle est présente depuis des années à l'étranger et propose ses solutions dans plus de 45 pays. Le seul défi était bien celui de répondre aux besoins de cultures différentes, et ne pas paraître uniquement comme un spécialiste de certaines cultures. Or, les progrès de la recherche de l'entreprise bretonne lui permettent d'offrir des produits adaptés à chaque type de production. Cet objectif, crucial pour l'entreprise l'a conduite à collaborer avec l'INRA et le CNRS. Plus encore, elle a mis en place des programmes de recherche en collaboration avec des institutions étrangères. Cette stratégie de l'innovation permet aujourd'hui à Goëmar d'apparaître comme une alternative crédible aux pesticides et aux produits chimiques partout dans le monde.

Bien avant le Grenelle de l'environnement, Goëmar proposait des solutions propres. Désormais, les impératifs environnementaux européens ouvrent des perspectives nouvelles à l'entreprise. Mais cela ne se limite pas à l'Europe. L'agriculture responsable est un objectif qui concerne aussi le Brésil et l'Asie notamment. Dans la plupart de ces pays, les opérateurs préfèrent des solutions naturelles sans risques écologiques. Sur ces marchés à forts potentiels, Goëmar peut offrir des réponses économiquement viables et sans danger pour l'environnement. La prise de conscience planétaire sur les dangers des pesticides est une opportunité historique pour la PME bretonne. Avec ses produits novateurs, engrais, nutritifs, ou encore de protection des cultures, elle dispose d'une gamme complète et adaptée. C'est bien le sens de sa stratégie.

La stratégie : l'internationalisation

Depuis 25 ans, Goëmar a sa filiale Agrimar, aux États-Unis. L'agriculture américaine étant la première du monde, l'entreprise bretonne se devait d'y être présente et active. Le développement international s'était limité à cette présence stratégique aux USA et à divers partenariats à l'étranger tandis que la production en France se concentre à Saint-Malo. Or, en 2011, le propriétaire de Goëmar, Simon Bertaud a cédé l'entreprise à un fonds financier, le groupe BeCapital. Attiré par le potentiel de la PME, BeCapital est accompagné de Pechel Industries dans cette acquisition. Ces nouveaux actionnaires souhaitent développer l'international, comme en témoignent les récentes évolutions survenues chez Goëmar. Ainsi, pour répondre aux perspectives de vente à l’échelle mondiale, l'entreprise vient de se doter d'une nouvelle usine ultramoderne. La PME prévoit en effet de doubler sa production pour répondre aux demandes de ses nouveaux marchés. Elle a donc inauguré une usine de plus de 13 000 mètres carrés pour un budget de 4 millions d'euros. Ce coût doit être rapproché du chiffre d'affaires de l'entreprise, soit 17 millions d'euros en 2011. L'importance de cet investissement, ¼ du CA, suffirait à lui seul, à témoigner de la stratégie très offensive de Goëmar pour un développement à l'international.

L'arrivée du nouveau président du directoire confirme cette orientation. En effet, Jean-Pierre Princen est un spécialiste de l'international. Il vient non pas d'une autre PME, mais d'une multinationale, le groupe Dupont de Nemours. Les actionnaires, le fonds financier BeCapital et Pechel industries l'ont mandaté essentiellement pour conduire la nouvelle stratégie d'internationalisation. Ainsi, après la filiale américaine historique, une nouvelle filiale en Italie vient de voir le jour. Goëmar Italia emploie pour l'instant une dizaine de personnes avec un objectif de croissance soutenue. Pour Goëmar, l'agriculture italienne est un marché stratégique où il est présent depuis plus de 20 ans. Comme dans d'autres pays, la PME bretonne y intervenait jusqu'ici par l'intermédiaire d'un distributeur local. Son implantation directe est bien la marque de la nouvelle politique dans les marchés à haut potentiel que comptent mener ses dirigeants. Jean-Pierre Princen confirme par ailleurs que l'entreprise compte ouvrir une troisième filiale à l'étranger. Pour cette future implantation, les équipes de Goëmar ciblent en Asie des pays où les préoccupations environnementales sont fortes. De même au Brésil, géant agricole mondial, la PME pourrait racheter une entreprise pour y accélérer son implantation. Les exigences brésiliennes en faveur d'une agriculture propre ne sont pas éloignées de celles de l'Europe.

Goëmar a démontré son expertise dans le développement de produits propres au service de l'agriculture. Il propose aujourd'hui non seulement des produits, mais également des technologies novatrices. Il a par exemple inventé la vaccination pour les plantes, ce qui leur permet de développer leurs propres défenses face aux maladies. C'est grâce aux résultats de la recherche de Goëmar qu'a été créée la catégorie des stimulateurs de défense dans le secteur de la protection des plantes. Les molécules découvertes par les chercheurs de l’entreprise ont permis des avancées majeures pour la protection et le développement des cultures avec des solutions propres. Aujourd'hui, les efforts de Goëmar entrent en résonnance avec l'engouement pour une agriculture écoresponsable partout dans le monde. Un contexte aussi favorable est une opportunité, c'est aussi la certitude d'un développement à long terme. En avance sur son temps il y a quelques années, Goëmar doit devenir la référence à l'international. Il a tout pour y parvenir.