Carnets de l'Economie

51.555 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2023




Anton Kunin
12/03/2024

En 2023, 51.555 chefs d’entreprise se sont retrouvés au chômage suite au dépôt de bilan de leur entreprise. C’est 33,3% de plus qu’en 2022, révèlent le groupe Altares et l'association GSC.


Un nombre alarmant de pertes d'emploi parmi les entrepreneurs, un signal d'alerte pour l'économie

Une nouvelle catégorie est venue en masse grossir les rangs des demandeurs d’emploi en 2023 : les chefs d’entreprise ayant déposé le bilan. Au cours de l’année écoulée, 51.555 chefs d'entreprise ont rejoint les listes de Pôle emploi, révèlent le groupe Altares et l'association GSC dans leur dernier Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Cette hausse soudaine, de 33,3 % par rapport à 2022, traduit un retour aux niveaux de difficulté d'avant la crise du Covid, signalant des temps particulièrement difficiles pour le tissu entrepreneurial.

Les causes de cette situation préoccupante sont multiples. L'accélération des pertes d'emploi chez les entrepreneurs s'explique principalement par la hausse des taux d'intérêt, la fin des aides gouvernementales liées au Covid et la reprise des procédures d’assignation par l'URSSAF, mettant de nombreuses entreprises face à des difficultés de trésorerie insurmontables. En moyenne, les entrepreneurs touchés étaient à la tête de leur entreprise depuis 7 ans, ce qui démontre que même les structures établies depuis un certain temps n'ont pas été épargnées. Particulièrement touchés, les secteurs de la construction et de l'hébergement/restauration ont vu une hausse des pertes d'emploi de 40% sur un an.

Un impact démographique significatif

Les chiffres démontrent également que le chômage entrepreneurial ne fait pas de distinction d'âge : l'âge médian des entrepreneurs ayant perdu leur emploi se situe à 46 ans, avec une part significative de dirigeants seniors vulnérables et une augmentation notable des pertes d'emploi chez les jeunes entrepreneurs de moins de 26 ans. Près de 90% des entrepreneurs affectés dirigeaient des TPE de moins de 5 salariés, soulignant la fragilité particulière des petites structures dans le contexte économique actuel.

L'analyse sectorielle de ces pertes d'emploi révèle des disparités marquées. La construction et l'hébergement/restauration comptent le plus grand nombre de pertes, avec des augmentations respectives de 40,2% et une concentration significative des difficultés dans ces domaines. Le commerce, impacté par les changements dans les modes de consommation liés à l'inflation, ainsi que les activités financières et d'assurance liées à l'immobilier, font également face à des augmentations importantes de chômage parmi les chefs d'entreprise.

Face à cette crise sans précédent, Anthony Streicher, président de l'association GSC, insiste sur la nécessité d'agir. La protection des entrepreneurs, créateurs de richesse et d'emplois, devient impérative pour préserver l'économie française. Bien que certains secteurs comme le bâtiment puissent envisager une reprise de leur activité, l'année 2024 s'annonce tout aussi délicate, soulignant l'urgence d'une réflexion approfondie sur les solutions à apporter à ces femmes et hommes durement touchés par la crise.