Carnets de l'Economie

Réforme des APL : les jeunes sont perdants




Anton Kunin
08/06/2021

Selon une étude menée par l’Union Nationale pour l'Habitat des Jeunes, qui gère les foyers de jeunes travailleurs, l’ensemble des résidents de ses structures sont perdants depuis l’entrée en vigueur au 1er janvier 2021 de la réforme des aides personnalisées au logement (APL).


Parmi les jeunes, la réforme des APL a fait plus de perdants que de gagnants

Le gouvernement n’ayant pas publié d’étude d’impact sur la réforme des aides personnalisées au logement (APL), l’Union Nationale pour l'Habitat des Jeunes (qui gère les foyers de jeunes travailleurs) a décidé de mener sa propre enquête. Il en ressort que l’ensemble des résidents des foyers de jeunes travailleurs, qui perçoivent une APL, sont perdants depuis l’entrée en vigueur de la réforme au 1er janvier 2021.

La perte est de 38,50 euros en moyenne par bénéficiaire et par mois. Les catégories qui ont souffert le plus sont les CDI à temps plein (-106,70 euros), les salariés précaires (-93,20 euros) et les alternants (-75,50 euros). Les stagiaires ont perdu en moyenne 29,20 euros et les étudiants 7,90 euros. En définitive, 39% des résidents de foyers de jeunes travailleurs ont été perdants avec cette réforme, et seuls 15% y ont gagné. Si la réforme n’était pas entrée en vigueur, ils auraient été 28% à voir leur APL diminuer en 2021 et 17% à la voir augmenter.

Pour rappel, la réforme entrée en vigueur au 1er janvier 2021 institue un recalcul trimestriel (et non plus annuel) des APL. Les revenus pris en compte sont ceux des douze derniers mois (et non plus ceux des deux années précédentes).

Pour la Confédération Nationale du Logement, cette réforme des APL « met à mal les plus fragiles d’entre nous »

La réforme des APL a eu des conséquences très importantes sur les parcours de jeunes, déplore l’Union Nationale pour l'Habitat des Jeunes. Parmi les résidents de ses structures, nombreux ont renoncé à un projet de formation ou à un logement autonome, ont reporté des projets de vie de famille, certains ont même basculé dans la précarité.

La publication de cette étude n’a pas laissé indifférente la Confédération Nationale du Logement. « Cette réforme est mise en œuvre dans une période où l’équilibre financier des familles est déjà fortement déstabilisé par la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales. Pour de nombreux allocataires, l’APL participait à maintenir un équilibre fragile de leur budget et cette réforme fait clairement figure de rattrapage brutal. Elle intervient au pire moment. […] Alors que le pouvoir d’achat des ménages est au plus bas, et que la précarité gagne chaque jour du terrain, le gouvernement ne peut décemment pas s’obstiner dans une réforme qui met à mal les plus fragiles d’entre nous », a-t-elle fait savoir par communiqué.