Carnets de l'Economie

Un taux de chômage à 11,5% mi-2021




Aurélien Delacroix
09/06/2020

Les perspectives autour du chômage ne sont guère optimistes pour au moins les deux prochaines années, observe la Banque de France dans son dernier rapport trimestriel.


Un million de chômeurs en plus

Pour réduire autant que possible l'impact du confinement sur l'emploi, le gouvernement a mis en place un dispositif de chômage partiel qui a permis de limiter la casse sociale, mais cela ne sera pas suffisant pour maintenir le taux de chômage sous la barre des 10%. Mi-2021, il devrait même s'établir à 11,5%, ce qui sera le pic. La décrue interviendra par la suite, en 2022, mais le taux de chômage restera élevé à 9,7%. Loin, très loin des prévisions du gouvernement qui avait l'ambition de descendre à 7% d'ici la fin du quinquennat. Mais c'était avant la pandémie de coronavirus qui a forcé le pays à paralyser son économie.

La Banque de France prévoit au quatrième trimestre un niveau de l'emploi « inférieur de presque un million » au niveau atteint fin 2019. Le rapport relève que l'emploi finira par se relever durant l'année prochaine, « en décalage avec le rebond de l'activité ». Il faut donc s'attendre à des niveaux élevés du chômage pendant au moins un an, avant de voir reculer le taux de personnes sans emploi. La Banque de France explique que l'ajustement du marché du travail a déjà débuté : l’emploi salarié marchand a reculé de 2,3 % fin mars par rapport à fin décembre 2019 soit une réduction de 453 800 postes.

Pertes durables de productivité

L'institution monétaire craint pour la suite « des pertes durables de productivité sous l’effet de la forte contraction de l’activité, à l’instar de ce qui s’est passé pendant la crise de 2007-2008 ». La Banque de France relève toutefois qu'il existe des incertitudes fortes autour de cette hypothèse, aussi bien à la hausse qu'à la baisse. Parmi les autres signaux macroéconomiques, le pouvoir d'achat des ménages va reculer en 2020, mais de façon modérée : -0,5% en 2020.

Pour 2021, le pouvoir d'achat s'établira à +0,9%, puis de 2,1% l'année suivante. Le produit intérieur brut en revanche va plonger de 15% au deuxième trimestre. Mais la Banque de France a observé un rebond de l'activité au mois de mai, « tout en restant à un niveau très inférieur à la normale » : une semaine type fin mai affichait une perte d'activité de 17% par rapport à la normale. C'est toutefois mieux qu'en avril (-27%) ou que fin mars (-32%).