Carnets de l'Economie

Sécurité électrique : 8 logements sur 10 présentent une anomalie




Anton Kunin
14/05/2025

En France, 82,6% des logements construits avant 2009 présentent au moins une anomalie électrique. Cette donnée, issue du Baromètre ONSE 2025, met en lumière un problème systémique. Entre vieillissement des infrastructures et nouvelles sollicitations énergétiques, le parc résidentiel doit être repensé d’urgence.


Un parc ancien sous haute tension, mal adapté aux usages contemporains

La transition énergétique bouleverse les besoins en électricité dans les logements. Pourtant, une majorité d’entre eux reposent encore sur des réseaux installés il y a plus de 15 ans. Ces systèmes ont été conçus pour supporter des charges bien moindres que celles des équipements actuels : pompes à chaleur, bornes de recharge de véhicules électriques, appareils domotiques etc. Or, selon le Baromètre ONSE 2025, 84,6% des diagnostics réalisés dans le cadre de ventes immobilières et 74% dans le cadre de locations font apparaître des défaillances dans les installations électriques. Dans les maisons individuelles, ce taux grimpe à 87,5%, illustrant l’écart croissant entre l’état réel des équipements et les exigences contemporaines.

La vétusté des circuits électriques n’est pas un simple détail technique. Elle devient un facteur de risque économique pour les ménages comme pour les assureurs. En 2022, 238.000 sinistres liés à des dommages électriques ont été enregistrés par les compagnies d’assurance habitation. Dans le même temps, les interventions des pompiers pour des incendies d’origine domestique ont dépassé 64.000 cas. Entre 20 et 35% de ces incendies sont directement imputables à une défaillance électrique. Ces chiffres traduisent l’ampleur du problème : un réseau vieillissant engendre des coûts de plus en plus lourds pour les acteurs du secteur, sans parler des pertes matérielles pour les particuliers.

Des anomalies récurrentes aux implications systémiques pour le marché du logement

Les défauts identifiés par les diagnostiqueurs ne relèvent pas de l’exception, mais de la norme : absence de dispositif différentiel, matériels inadaptés, fils non protégés, non-conformité dans les pièces humides, ou encore absence d’appareil général de commande. Ces éléments techniques sont au cœur de la sécurité d’un logement, mais ils conditionnent également sa conformité dans le cadre de transactions immobilières ou de rénovations. Un logement non sécurisé électriquement devient difficile à vendre, à louer, ou à moderniser sans travaux coûteux.

Pour les investisseurs comme pour les collectivités, la situation pose un dilemme stratégique. L’accélération de la transition énergétique – notamment via l’électrification des usages – entre en conflit direct avec l’état réel du bâti ancien. Or, les politiques d’aide à la rénovation (MaPrimeRénov’, Certificats d’économies d’énergie…) ciblent majoritairement les performances thermiques. L’aspect électrique, pourtant essentiel, reste trop souvent relégué au second plan. Faute d’intégration systématique dans les dispositifs de financement, la mise à niveau des réseaux est laissée à la charge des propriétaires, ralentissant considérablement la mutation du parc résidentiel vers un modèle plus sobre et sécurisé.










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