Carnets de l'Economie

SNCF : une réduction des coûts pour un résultat mitigé




Anton Kunin
01/03/2017

La politique de réduction des coûts menée par la SNCF tout au long de l’année 2016 a certes donné quelques résultats, mais ils sont assez limités et ont souvent été atteints au dépens des salariés et d’investissements en infrastructures.


La marge de la SNCF est en chute libre

En 2016, le chiffre d’affaires du transporteur est en hausse de 2,7 % : 32 273 millions d’euros contre 31 393 millions en 2015. Le résultat global total de l’exercice est également positif et s’élève à 54 millions d’euros, contre une perte de 11 724 millions d’euros en 2015. Mais l’activité de la SNCF est moins rentable : la marge opérationnelle recule de 6,7 % sur un an (4 144 millions d’euros contre 4 425 millions en 2015). En d’autres mots, chaque euro que l’entreprise a réussi à faire rentrer a permis de créer 6,7 % de moins de bénéfices, et ce, en l’espace d’un an seulement.

Concrètement, le chiffre d’affaires de SNCF Réseau a diminué de 1,4 % seulement (6 361 millions d’euros contre 6 454 millions en 2015), tandis que la marge opérationnelle a chuté de 8,9 % (1 909 millions d’euros contre 2 014 millions en 2015). Sur l’activité Voyageurs, cette tendance est encore plus prononcée : tandis que le chiffre d’affaires est resté stable (15 391 millions d’euros), la marge a chuté de 18 % (1 319 millions d’euros contre 1 626 millions en 2015).

260 gares sur 517, soit près de la moitié, sont déficitaires, dont Lyon Part Dieu, Lyon Perrache, Perpignan, Cannes, Orléans, Toulouse Matabiau, Le Mans, Grenoble et même Paris Austerlitz.

Une réduction des coûts qui a un prix

Si le chiffre d’affaires de la SNCF est en hausse, c’est qu’elle a pu réduire ses dépenses sur un grand nombre de postes. En 2016, l’entreprise a évité une amende pour entrave à la concurrence, un poste de dépenses qui a pesé 196 millions d’euros en 2015. La société a également pu diminuer sa dette : de 59 036 millions d’euros, elle est passée à 56 558 millions, soit une baisse de 4,1 %. Mais cette baisse a pu être atteinte au prix d’une baisse des capitaux propres : ils ont diminué de 6,7 % sur un an, passant de 14 736 millions d'euros en 2014 et 2015 à 13 736 millions en 2016. Le tout pour un résultat limité, car sur la même période, le coût de la dette a baissé de tout juste 2 % (1 452 millions d’euros contre 1 483 millions en 2015). La trésorerie, c’est-à-dire l’argent immédiatement disponible à l’entreprise, a quant à elle augmenté, passant de 6 833 millions d’euros en 2015 à 8 271 millions d’euros en 2016. Rappelons que ces sommes se trouvant sur des comptes courants de l’entreprise correspondent à de l’argent que la SNCF ne possède pas réellement, car il s’agit de l’argent emprunté.

Afin de réduire davantage ses coûts, la SNCF a fait un recours plus important à la sous-traitance, les dépenses sur ce poste augmentant de 9,7 % sur un an (6 109 millions d’euros contre 5 565 millions en 2015). Les dépenses au titre des salaires ont progressé de 2,8 % (13 410 millions d’euros contre 13 043 millions en 2015), tandis que les sommes consacrées à la rémunération des intérimaires et travailleurs détachés ont progressé de 44 % (288 millions d’euros contre 200 millions en 2015). Les titulaires ont vu le budget Action sociale baisser : en 2016, l'entreprise a versé 14 millions d'euros de moins au titre de prestations payées par l'entreprise aux salariés, et 4 millions d'euros de moins au titre de la prévoyance.


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