Carnets de l'Economie

Rééquilibrer le système des retraites : une potion amère




Aurélien Delacroix
23/12/2020

Entre une réforme des retraites stoppée pour cause de crise sanitaire et une épidémie qui a déstabilisé les comptes du système des pensions, les solutions pour rééquilibrer les comptes risquent d'être amères.


L'impact de la crise sanitaire sur les pensions de retraite

Le comité de suivi des retraites, qui remet chaque année un rapport au Premier ministre, a suggéré deux pistes pour rééquilibrer les comptes du système des pensions. Et la potion est amère. La première proposition est de sous-indexer les retraites, une mesure qui peut se justifier « s’il apparaît que la crise aura conduit à améliorer plus que très ponctuellement le niveau de vie relatif des retraités par rapport à ce qu’aurait été son évolution sans crise ». De fait, le niveau des retraites a tenu bon pendant la tempête épidémique, tout comme le pouvoir d'achat des retraités.

Le comité estime qu'on peut viser un « partage parallèle des conséquences de la crise » entre actifs et retraités. En revanche, pas question de faire cette sous-indexation de manière heurtée. Il faudra également limiter les effets de cette mesure pour les retraités les moins favorisés. Le rapport préconise également de repousser l'âge de départ à la retraite, « sauf évidemment si l’espérance de vie devait ralentir significativement ». La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Jean Castex a indiqué que ces observations serviront à nourrir le dialogue social sur la stratégie de redressement du système de retraite.

Lointain rééquilibrage des comptes

La crise sanitaire a stoppé net le projet de réforme des retraites et de son système universel par points, sur lequel le comité ne s'est d'ailleurs pas prononcé. L'épidémie a creusé les déficits des organismes de gestion des retraites, rendant les projections du comité d'orientation des retraites (COR) un peu plus irréalistes. Avant le second confinement, le COR avait prédit un retour à l'équilibre à l'horizon 2045, en prenant en compte un gain de productivité très optimiste de +1,8 % par an. Même avec une hypothèse (toujours élevée) de 1,5 %, la sortie des déficits n'interviendra qu'en 2053.

En dessous de ce niveau de productivité, le système aurait besoin de financement jusqu'en 2070, prédit le COR. Du côté du comité de suivi des retraites, on convient qu'en raison de l'épidémie, l'endettement est nécessaire. Mais on prévient aussi que cela ne saurait constituer une stratégie durable. Il revient au gouvernement de définir une méthode et un calendrier de sortie de cette période durant laquelle la nécessité d'équilibrage aura pu rester « temporairement suspendue ».


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