Carnets de l'Economie

Protection sociale, éducation, fiscalité : les progrès ont été très modestes depuis 2020




Anton Kunin
11/10/2022

Les progrès réalisés par les gouvernements à travers le monde en matière de santé, d’éducation, de protection sociale, de fiscalité et des droits des travailleurs depuis le début de l’épidémie de Covid-19 ont été somme toute limités, déplorent l’ONG Oxfam et Development Finance International (DFI) dans une nouvelle étude.


Éducation, accès aux soins, retraite… : les progrès ont été très limités en 2020 et 2021

Aux quatre coins du monde, des progrès en matière de réduction des inégalités se font toujours attendre. L’indice de l’engagement à la réduction des inégalités (ERI) 2022, calculé par l’ONG Oxfam et Development Finance International (DFI), n’affiche qu’une très légère amélioration, de moins de 0,5 point de pourcentage par an depuis 2020. Avant la Covid-19, dans 40 pays, moins de 10% des enfants les plus pauvres achevaient leurs études secondaires ; dans 35 pays, plus de 50% de la population n’avait pas accès aux services de santé ; dans 51 pays, plus de 10% de la population consacrait une part trop importante de ses revenus aux soins de santé ; et dans 66 pays, moins de la moitié des personnes âgées touchaient une retraite.

Comme le montre ce rapport, même certains pays développés ont récemment choisi de réorienter leurs dépenses sociales ou ont fait marche arrière concernant la fiscalité. Exemple le plus saillant, en matière de services publics, la Norvège ne se classe que 12ème parmi les pays analysés : elle consacre à l’éducation et à la santé une part de son budget inférieure à celle de la plupart des pays de l’OCDE et n’a pas universalisé l’enseignement secondaire ni des soins de santé. Elle n’arrive que 15e sur le plan de la fiscalité, ayant fortement réduit les taux supérieurs d’impôt sur le revenu des personnes physiques et d’impôt sur les sociétés dans les années 2000, bien qu’une réduction temporaire de son taux de TVA très élevé sur les produits alimentaires ait contribué à réduire les inégalités pendant l’épidémie de Covid-19.

Allemagne, Australie : du chemin reste à faire

Autre exemple : l’Allemagne. Ce pays est passé de la 1ère à la 3ème place en matière de travail, car son salaire minimum a augmenté plus lentement que son PIB. L’Allemagne obtient un score élevé en matière de droits du travail et a récemment augmenté le salaire minimum de manière significative. Mais ses dépenses d’éducation restent faibles, et la TVA élevée. L’Australie, elle, peut se vanter d’un certain progrès, grâce à de nouvelles mesures de lutte contre l’évasion fiscale et à une augmentation importante du salaire minimum en juillet 2022. Revers de la médaille, le congé parental y est court et mal rémunéré, ce qui fait que ce pays n’occupe que la 40ème place du palmarès dans le domaine du travail.

« Pour la première fois depuis des décennies, le monde a connu une forte augmentation de la pauvreté, tandis que la fortune des plus riches et les bénéfices des entreprises ont explosé. La pandémie aurait donc dû être un signal d’alarme incitant les dirigeants aux niveaux national et mondial à mettre en place des politiques de lutte contre les inégalités de manière agressive. Toutefois, comme le montre ce rapport, à quelques exceptions notables près, les gouvernements se sont honteusement inscrits dans la continuité en matière d’inégalités », fait savoir Oxfam.