
Inflation, hausse des taux, risque de récession, guerre en Ukraine, crise énergétique, réouverture de la Chine… Les bouleversements macroéconomiques sans précédent qui ont marqué la seconde partie de l’année 2022 font planer bon nombre d’incertitudes sur le marché du private equity en 2023. « L’année 2022 a été à de nombreux égards chahutée par des facteurs extérieurs. Notre industrie a été impactée sur la deuxième partie de l’année, notamment par un ralentissement des levées de fonds », a ainsi souligné Claire Chabrier, présidente de France Invest (l’association qui regroupe les 370 sociétés de capital-investissement présentes sur le territoire français), à l’occasion de la publication, le 30 mars 2023, de son « étude d’activité annuelle ».
« Le bilan 2022 demeure néanmoins positif : l’industrie française du capital-investissement reste active et continue de financer les start-up, les PME et ETI, pour les rendre plus solides et plus conquérantes. Elle est parfaitement outillée pour naviguer dans des temps incertains où les entreprises doivent traverser des crises à répétition tout en continuant à innover et à accélérer leurs transitions économiques et écologiques », explique Claire Chabrier. En 2022, 24,7 milliards d’euros ont été investis dans les entreprises françaises non cotées, un total en baisse de 9 % par rapport au record de 2021.
Un secteur résilient prêt à renouer avec la croissance
Le ralentissement est plus net au niveau mondial : l’année 2022 a été marquée par la chute du volume de transactions (-10 %), du montant moyen des opérations (-23 %) et de la valeur globale des transactions (-35 %). Mais selon rapport annuel de Bain & Company, publié le 27 février 2023, qui fait autorité, l’année 2022 se classe néanmoins en deuxième position des meilleurs millésimes de l’histoire du capital-investissement. Malgré le ralentissement des transactions à la mi-2022, lorsque les banques centrales ont fortement augmenté les taux d’intérêt en réponse à l’inflation, le secteur se montre résilient et prêt à renouer avec la croissance à long terme dès 2023, estime la société de gestion et de conseil. Car les fondements sous-jacents du private equity restent solides. Le secteur conserve un montant record de 3,7 milliards de dollars de « dry powder », c’est-à-dire d’argent disponible, déjà levé par les fonds et restant encore à déployer. « Malgré les conditions macroéconomiques, les acteurs majeurs continueront à trouver des transactions qu’ils peuvent réaliser et resteront agressifs », prévoit Bain.
Malgré les incertitudes, les géants mondiaux testent confiants
Ce dynamisme apparent cache toutefois une réalité différente pour certains acteurs. « On observe depuis le deuxième semestre une polarisation entre les fonds les plus performants, qui ont réussi sans réelle difficulté à finaliser leurs levées de fonds, et d’autres, souvent de plus petite taille, qui peinent à finaliser leur processus », souligne Guillaume Tobler. Comme toujours, la crise fera émerger des gagnants et des perdants. Le média spécialisé Capital Finance, qui a interrogé plusieurs grands acteurs du secteur, voit l’année 2023 comme une « année stratégique ». Les fonds d’investissement vont devoir redoubler d’ingéniosité pour maintenir leur activité et leur performance. Loin de s’inquiéter, les géants mondiaux comme Apollo, Ardian, Blackstone, Carlyle, EQT ou Partners, assurent au contraire que ce contexte difficile recèle d’exceptionnelles opportunités d’investissement… pour les acteurs les plus expérimentés.
« 2023 sera la première année test où les business models des entreprises vont être éprouvés après deux ans de rebond postpandémie... Pour le marché du private equity, nous anticipons un rebond progressif global », indique par exemple Thibault Basquin, membre de l’executive board d’Ardian US et deputy head Buyout d’Ardian. « Les Etats-Unis connaîtront une dynamique plus forte que l’Europe en raison de leur profondeur de marché, de poches de liquidités plus importantes et de perspectives de croissance solides dans les mois et années à venir », estime ce dirigeant de l’un des leaders mondiaux du secteur, n°1 français et européen, qui gère ou conseille quelques 150 milliards de dollars d’actifs à travers le monde.
Saisir les opportunités liées à la transition énergétique
La transition énergétique, en particulier, représente de nouveaux défis et de réelles opportunités pour le capital-investissement. La pression exercée sur les sociétés de capital-investissement pour décarboner leurs portefeuilles n’a fait que s'intensifier en 2022, les régulateurs, les consommateurs, les clients B2B et les investisseurs multipliant les appels au changement. La transition énergétique nécessitera des milliers de milliards de dollars de nouveaux capitaux. Les acteurs doivent donc acquérir de l’expérience, perfectionner leurs compétences et entretenir les réseaux qui leur permettront de tourner ce changement à leur avantage.
Les pionniers dans ce domaine partent donc avec un avantage, à l’image d’Ardian qui a intégré les critères ESG dans ses stratégies d’investissement depuis une bonne quinzaine d’années. Sa prise de participation majoritaire, en octobre 2022, dans GreenYellow, ex-filiale du groupe Casino et pionnier français de la production d’énergie solaire décentralisée et de l’efficacité énergétique, avec l’objectif d’en faire un champion européen, est l’une des illustrations de cette stratégie. En avril 2022, Ardian a aussi lancé son premier fonds « evergreen » dédié à la transition énergétique, qui vise 1 milliard d’euros pour son premier cycle d’investissement, intégralement consacrés au financement des énergies renouvelables en Europe et sur le continent américain. Un lancement qui fait suite à la création, en octobre 2021, de la plus grande plateforme mondiale d’investissement dédiée à l’hydrogène décarboné (Hy24), qui a réuni deux milliards d’euros. Nul doute que dans un contexte où le « buy and build » monte en puissance, le fonds tricolore, qui s’est donné comme raison d’être de « s’investir pleinement pour bâtir des entreprises pérennes » saura maintenir ses performances.
Les particuliers, prochain moteur de la croissance ?
Bain & Company estime également que les investisseurs individuels, qui détiennent environ 50 % de l’ensemble des actifs mondiaux sous gestion, devraient constituer le nouveau moteur de croissance du secteur du capital-investissement. Les sociétés de gestion tendent ainsi à mobiliser de plus en plus les particuliers. Dans le même temps, les particuliers fortunés et leurs conseillers, qui recherchent des options de diversification et de meilleurs rendements que ceux offerts par les marchés traditionnels des actions et de la dette publique, sont de plus en plus attirés ce type d’investissements.
En France, par exemple, la participation des particuliers et des « family offices » (gestion de grande fortune) a augmenté en 2022, pour représenter 19 % des souscriptions, ce qui « confirme la tendance observée ces deux dernières années », note France Invest. Les particuliers peuvent investir dans le private equity via les ETF ou trackers, qui répliquent les performances de sociétés de gestion, ou via des FCPR (Fonds Communs de Placement à Risques). Ces fonds de capital-investissement sont investis en titres d’entreprises non cotées à hauteur de 50 % minimum. Ils sont d’autant plus intéressants que certains d’entre eux, comme les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) ou les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité), permettent en plus de bénéficier d'avantages fiscaux non négligeables.
« Le bilan 2022 demeure néanmoins positif : l’industrie française du capital-investissement reste active et continue de financer les start-up, les PME et ETI, pour les rendre plus solides et plus conquérantes. Elle est parfaitement outillée pour naviguer dans des temps incertains où les entreprises doivent traverser des crises à répétition tout en continuant à innover et à accélérer leurs transitions économiques et écologiques », explique Claire Chabrier. En 2022, 24,7 milliards d’euros ont été investis dans les entreprises françaises non cotées, un total en baisse de 9 % par rapport au record de 2021.
Un secteur résilient prêt à renouer avec la croissance
Le ralentissement est plus net au niveau mondial : l’année 2022 a été marquée par la chute du volume de transactions (-10 %), du montant moyen des opérations (-23 %) et de la valeur globale des transactions (-35 %). Mais selon rapport annuel de Bain & Company, publié le 27 février 2023, qui fait autorité, l’année 2022 se classe néanmoins en deuxième position des meilleurs millésimes de l’histoire du capital-investissement. Malgré le ralentissement des transactions à la mi-2022, lorsque les banques centrales ont fortement augmenté les taux d’intérêt en réponse à l’inflation, le secteur se montre résilient et prêt à renouer avec la croissance à long terme dès 2023, estime la société de gestion et de conseil. Car les fondements sous-jacents du private equity restent solides. Le secteur conserve un montant record de 3,7 milliards de dollars de « dry powder », c’est-à-dire d’argent disponible, déjà levé par les fonds et restant encore à déployer. « Malgré les conditions macroéconomiques, les acteurs majeurs continueront à trouver des transactions qu’ils peuvent réaliser et resteront agressifs », prévoit Bain.
La période de taux d’intérêt nuls à négatifs, historiquement sans précédent, est certes terminée, et la persistance de taux plus élevés contraint les sociétés de capital-investissement à créer de la valeur par le biais de la croissance organique et de l’amélioration des marges. Les fonds travaillent leurs participations et accélèrent la stratégie de transformation de leurs sociétés en portefeuille. Face à un accès plus restreint à la dette, on constate un accroissement de l’attrait pour les petites opérations et pour les « build-up » (acquisition par une société elle-même sous LBO), qui ont représenté 72 % du nombre de LBO aux Etats-Unis en 2022. « Cette tendance croissante est également perceptible en Europe et appelée à se poursuivre », précise Guillaume Tobler, associé chez Bain. Dans un environnement incertain, « les fonds se concentrent plus que jamais sur les actifs qu’ils maîtrisent. Ils jouent sur les synergies en accompagnant leur participation dans des opérations de croissance externe. L’internationalisation est devenue un thème de développement croissant », détaille Jérôme Brunet, également associé chez Bain.
Malgré les incertitudes, les géants mondiaux testent confiants
Ce dynamisme apparent cache toutefois une réalité différente pour certains acteurs. « On observe depuis le deuxième semestre une polarisation entre les fonds les plus performants, qui ont réussi sans réelle difficulté à finaliser leurs levées de fonds, et d’autres, souvent de plus petite taille, qui peinent à finaliser leur processus », souligne Guillaume Tobler. Comme toujours, la crise fera émerger des gagnants et des perdants. Le média spécialisé Capital Finance, qui a interrogé plusieurs grands acteurs du secteur, voit l’année 2023 comme une « année stratégique ». Les fonds d’investissement vont devoir redoubler d’ingéniosité pour maintenir leur activité et leur performance. Loin de s’inquiéter, les géants mondiaux comme Apollo, Ardian, Blackstone, Carlyle, EQT ou Partners, assurent au contraire que ce contexte difficile recèle d’exceptionnelles opportunités d’investissement… pour les acteurs les plus expérimentés.
« 2023 sera la première année test où les business models des entreprises vont être éprouvés après deux ans de rebond postpandémie... Pour le marché du private equity, nous anticipons un rebond progressif global », indique par exemple Thibault Basquin, membre de l’executive board d’Ardian US et deputy head Buyout d’Ardian. « Les Etats-Unis connaîtront une dynamique plus forte que l’Europe en raison de leur profondeur de marché, de poches de liquidités plus importantes et de perspectives de croissance solides dans les mois et années à venir », estime ce dirigeant de l’un des leaders mondiaux du secteur, n°1 français et européen, qui gère ou conseille quelques 150 milliards de dollars d’actifs à travers le monde.
Saisir les opportunités liées à la transition énergétique
La transition énergétique, en particulier, représente de nouveaux défis et de réelles opportunités pour le capital-investissement. La pression exercée sur les sociétés de capital-investissement pour décarboner leurs portefeuilles n’a fait que s'intensifier en 2022, les régulateurs, les consommateurs, les clients B2B et les investisseurs multipliant les appels au changement. La transition énergétique nécessitera des milliers de milliards de dollars de nouveaux capitaux. Les acteurs doivent donc acquérir de l’expérience, perfectionner leurs compétences et entretenir les réseaux qui leur permettront de tourner ce changement à leur avantage.
Les pionniers dans ce domaine partent donc avec un avantage, à l’image d’Ardian qui a intégré les critères ESG dans ses stratégies d’investissement depuis une bonne quinzaine d’années. Sa prise de participation majoritaire, en octobre 2022, dans GreenYellow, ex-filiale du groupe Casino et pionnier français de la production d’énergie solaire décentralisée et de l’efficacité énergétique, avec l’objectif d’en faire un champion européen, est l’une des illustrations de cette stratégie. En avril 2022, Ardian a aussi lancé son premier fonds « evergreen » dédié à la transition énergétique, qui vise 1 milliard d’euros pour son premier cycle d’investissement, intégralement consacrés au financement des énergies renouvelables en Europe et sur le continent américain. Un lancement qui fait suite à la création, en octobre 2021, de la plus grande plateforme mondiale d’investissement dédiée à l’hydrogène décarboné (Hy24), qui a réuni deux milliards d’euros. Nul doute que dans un contexte où le « buy and build » monte en puissance, le fonds tricolore, qui s’est donné comme raison d’être de « s’investir pleinement pour bâtir des entreprises pérennes » saura maintenir ses performances.
Les particuliers, prochain moteur de la croissance ?
Bain & Company estime également que les investisseurs individuels, qui détiennent environ 50 % de l’ensemble des actifs mondiaux sous gestion, devraient constituer le nouveau moteur de croissance du secteur du capital-investissement. Les sociétés de gestion tendent ainsi à mobiliser de plus en plus les particuliers. Dans le même temps, les particuliers fortunés et leurs conseillers, qui recherchent des options de diversification et de meilleurs rendements que ceux offerts par les marchés traditionnels des actions et de la dette publique, sont de plus en plus attirés ce type d’investissements.
En France, par exemple, la participation des particuliers et des « family offices » (gestion de grande fortune) a augmenté en 2022, pour représenter 19 % des souscriptions, ce qui « confirme la tendance observée ces deux dernières années », note France Invest. Les particuliers peuvent investir dans le private equity via les ETF ou trackers, qui répliquent les performances de sociétés de gestion, ou via des FCPR (Fonds Communs de Placement à Risques). Ces fonds de capital-investissement sont investis en titres d’entreprises non cotées à hauteur de 50 % minimum. Ils sont d’autant plus intéressants que certains d’entre eux, comme les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) ou les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité), permettent en plus de bénéficier d'avantages fiscaux non négligeables.