Carnets de l'Economie

Paris n'aime pas les automobilistes




26/11/2014

La chasse aux automobiles dans Paris entre dans une nouvelle phase : après les diesels qui seront probablement interdits en 2020, ce sont les voitures des résidents qui deviennent automobile non grata.


On le savait déjà, c'était le credo de Bertrand Delanoë lors de son arrivée aux affaires en 2002. En 12 ans, Paris a perdu plus de 25 000 places de stationnement à cause des couloirs de bus, zones de livraison, Velib et autres Bluecar. Il reste 150 000 places en surface, auxquelles s'ajoutent les 800 000 places en parkings souterrains publics comme privés.  

La semaine dernière, on apprenait que les voitures motorisées diesel,  qui ne seront pas aux dernières normes antipollution européennes Euro 6b (norme qui entrera en action en... septembre 2015, et à laquelle aucune voiture vendue en 2014 n'est encore adaptée), seraient interdits dans Paris Centre en 2020.

Désormais, ce sont les voitures des résidents qui sont ciblées : La ville de Paris devrait augmenter de 300 % le tarif du stationnement résidentiel à partir de janvier 2015, le faisant passer de 3,25 euros par semaine à 9 euros ! Auxquels s'ajouteront un abonnement annuel forfaitaire de 45 euros... L'objectif totalement assumé des élus verts de la ville de Paris est de faire... sortir les voitures des parisiens des rues de la capitale. Pour aller où ? "Dans les parkings souterrains". A 150, voire 200 euros la place, ils apprécieront la faveur ! Ca, ou bien payer 50 euros par mois pour essayer de se garer dans la rue, sans garantie...

Les villes de banlieue qui jouxtent la capitale risquent de voir déferler en janvier 2015 des milliers de voitures immatriculées 75,squattant rues et ruelles gratuites. Autant de voitures ventouses qui finiront ensuite dans les fourrières de banlieue si leurs propriétaires ne les bougent pas régulièrement !

Cette aversion pour les voitures des parisiens n'est pas nouvelle, mais prend une autre tournure. Jusqu'ici, au contraire, la ville sponsorisait le stationnement des résidents, en accordant un tarif 80 % inférieur à celui pratiqué en 2001, quand la ville était encore aux mains de la droite. Bertrand Delanoë et ses alliés verts d'alors avait fait du stationnement résidentiel à 50 centimes par jour un argument majeur de campagne ! 

Douze ans plus tard, chemin inverse : on augmente à nouveau le stationnement résidentiel, d'un grand coup : il reviendra à 500 euros par an à un automobiliste parisien qui payera 50 semaines sur 54. La logique dans tout cela ? Il n'y en a pas, sauf à chercher une explication politique : Moins d'un parisien sur deux possède désormais une voiture, mais les familles en revanche sont plus de 80 % à en avoir une à Paris, rejoignant presque le taux d'équipement des ménages à l'échelle du pays (83 % pour une voiture, 45 % pour deux). 

Décourager un peu plus les familles de rester dans Paris pourrait être une stratégie pour chasser quelques électeurs indésirables dans les arrondissements clefs que sont le 14e et le 12e, là où la droite peut espérer l'emporter en 2020... Or, tous les sondages le confirment, les familles votent majoritairement à droite, quand les couples sans enfants, les familles monoparentales, et les couples homosexuels ou les personnes seules votent plus souvent à gauche...