Carnets de l'Economie

Margaret Thatcher : un deuil en demi-teinte




La Rédaction
10/04/2013

Margaret Hilda Thatcher s’est éteinte le 8 avril 2013 à Londres à l’âge de 87. Cette figure de la politique britannique et internationale laisse derrière elle un héritage largement commenté par la presse internationale. Oscillant entre admiration et détestation, les rétrospectives des années Thatcher sont loin d’être consensuelles. Comment expliquer un tel clivage d’opinion ?


Margaret Thatcher & Ronald Reagan  - Administration des Etats-Unis d'Amérique
Margaret Thatcher & Ronald Reagan - Administration des Etats-Unis d'Amérique
Fille de commerçant, avocate de profession, Margaret Thatcher devient la première femme à occuper les fonctions de chef de gouvernement d’un pays développé le 4 mai 1979. Margaret Thatcher arrive également au pouvoir avec pour mission de redresser le Royaume-Uni qui se trouve alors en proie à d’importants troubles sociaux et économiques. Non contente de briser le plafond de verre qui pesait sur la classe politique de son pays, celle que l’on eu tôt fait de surnommer la Dame de Fer relèvera ce défi avec succès.
 
Inflexible et déterminée, Margaret Thatcher a durablement marqué la vie politique britannique durant ses années au pouvoir. Aux commandes d’un Royaume-Uni en crise, elle parvient à faire chuter le chômage, à maîtriser l’inflation, à relancer l’activité économique en favorisant les baisses d’impôts. Ce faisant, elle s’est également faite l’artisane du profond ancrage Royaume-Uni dans le libéralisme économique. C’est ainsi sous l’ère thatchérienne que la Grande-Bretagne a dérégulé son secteur financier, réduit son État-providence à une portion congrue et considérablement affaibli le pouvoir de ses syndicats à la façon d’un Ronald Reagan aux États-Unis.
 
Margaret Thatcher a opéré au Royaume-Uni une véritable révolution, engageant son pays de plain-pied dans un nouveau modèle économique. C’est le caractère fondamental des décisions qu’elle a prises en tant que premier ministre qui en font aujourd’hui un personnage aussi clivant. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil aux hommages publiés en Grande Bretagne le jour de sa mort. The Daily Telegraph la présente comme « La femme qui rendu son prestige à la Grande-Bretagne » (« The Woman who made Britain great again »), le Socialist Worker a pour sa part fait part de sa joie à l’annonce du décès de la Dame de fer. En France, le fossé entre les réactions est tout aussi grand : on conspue « la grande faucheuse » (Libération) autant qu’on fait l’apologie de son « héritage valable bien au-delà des îles Britanniques et des frontières idéologiques » (Le Figaro).
 
Que Margaret Thatcher soit un personnage historique majeur est un fait incontestable. Ce qui surprend en revanche c’est plus que 20 ans après son passage au pouvoir, ses décisions suscitent toujours de vifs débats. Mais après tout, c’est bien là le signe que l’héritage de Margaret Thatcher et l’impact de ses choix politiques demeurent perceptibles jusqu’à aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire.