Carnets de l'Economie

Les mesures « Gilets Jaunes » ne seront finalement pas neutres pour le budget




Anton Kunin
12/07/2019

On s’en doutait : les mesures « Gilets Jaunes » auront un impact budgétaire bien au-delà du quinquennat Macron. Un rapport présenté par Albéric de Montgolfier, rapporteur général de la Commission des finances du Sénat, le confirme : sur les 6,4 milliards d’euros qu’elles auront coûté, le gouvernement ne prévoit de compenser que 4 milliards avant la fin du quinquennat.


L’exécutif a fait le choix de « financer des mesures de pouvoir d’achat à crédit »

Les mesures « Gilets Jaunes », le prochain locataire de l’Élysée s’en souviendra ! Selon le gouvernement, leur coût ne sera pas intégralement compensé sur le quinquennat. Sur les 6,4 milliards d’euros qu’elles auront coûté sur l’année 2020, seuls 4 milliards seront compensés par différentes mesures d’économies budgétaires. Pour Albéric de Montgolfier, rapporteur général de la Commission des finances du Sénat, le constat est amer : « Le gouvernement préfère profiter des conditions de taux historiquement favorables pour financer des mesures de pouvoir d’achat à crédit, plutôt que de redresser la situation des comptes publics et d’accroître le potentiel de croissance de l’économie française ».

Dans son rapport, Albéric de Montgolfier attire aussi notre attention sur le fait que la trajectoire budgétaire gouvernementale concentre les efforts d’économies les plus significatifs sur les années 2021 et 2022… alors même que l’expérience montre qu’il est particulièrement difficile de limiter les dépenses en fin de quinquennat. En outre, le gouvernement paraît avoir renoncé à la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique à l’échelle du quinquennat... dont l’économie attendue était pourtant estimée à un peu plus de 3 milliards d’euros, fait-il remarquer.

Mesures « Gilets Jaunes » : le gouvernement assure avoir fait des efforts pour compenser leur coût

Il serait néanmoins faux de dire que le gouvernement n’a rien fait pour tenter de compenser ces dépenses. Bercy a indiqué à Albéric de Montgolfier avoir « supprimé certaines niches fiscales et sociales les plus inefficientes », pris « des mesures de maîtrise de la dépense toutes administrations publiques confondues » et décalé à 2023 la suppression intégrale de la taxe d’habitation.

Rappelons que dans son discours post-Grand débat du 25 avril 2019, en plus de ces économies, Emmanuel Macron a également évoqué « la nécessité de travailler davantage » afin de financer les mesures « Gilets Jaunes ». Un clin d’œil au sujet de la prochaine réforme des retraites ? Les travaux de Jean-Paul Delevoye, qu’il dévoilera d’un jour à l’autre, donneront certainement une réponse à cette question.