Carnets de l'Economie

Les deux ans d’épidémie ont été salvateurs pour l’épargne des plus modestes




Anton Kunin
22/03/2022

Si à peu près tous les Français ont fait grossir leur bas de laine en 2020-2021, à la différence des classes moyennes et des ménages aisés, les ménages les plus modestes n’ont pas dépensé l’essentiel de cette nouvelle épargne, apprend-on d’une nouvelle étude du Conseil d’analyse économique.


La précarité a reculé chez les plus modestes

Avec l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 en Europe en mars 2020, les Français se sont mis à épargner massivement. Comme le révèle aujourd’hui le Conseil d’analyse économique dans une nouvelle étude, depuis l’été 2020, ce sont les ménages les plus aisés (le « dernier décile », comme les appellent les statisticiens) qui ont augmenté leur rythme d’épargne le plus fortement. À partir de septembre 2021, le « surcroît d’épargne » (soit cette épargne « supplémentaire » par rapport à une année normale) commence à diminuer pour tous les déciles… sauf le dernier décile (autrement dit, les ménages les plus pauvres). Chez ces personnes, le « surcroît d’épargne » s’est maintenu. En d’autres mots, ils n’ont pas dépensé ce qu’ils ont pu mettre de côté pendant les confinements.

Autre constat, qui va de pair avec le premier : la précarité a reculé chez les plus modestes. En effet, le pourcentage de ménages ayant un compte courant dont le solde est négatif en fin de mois a fortement diminué avec le premier confinement et la chute de consommation. Cet indicateur est resté stable par la suite. Et après l’année 2020, marquée par les confinements, il est même descendu en deçà de ce qu’il était avant la crise : environ 12% des ménages ont désormais un compte dans le rouge, contre 14% environ avant la crise, nous apprend le Conseil d’analyse économique.

Globalement, les Français ont aujourd’hui une épargne plus fournie qu’en 2019

Qu’en est-il pour les autres déciles ? Globalement, le stock d’épargne brute (mesurée par la somme des soldes des comptes courants et des soldes des comptes d’épargne) a continué à croître au‐dessus de son rythme « normal » tout au long de la période. Cela signifie qu’on ne voit toujours pas de comportement franc de désépargne chez les ménages français. Mieux encore, au début de l’année 2022, le stock d’épargne brute était supérieur de 6% à son niveau d’avant le Covid-19.

Les ménages les plus aisés (les deux premiers déciles), en revanche, ont dépensé la quasi-totalité des sommes nouvellement épargnées au plus fort de l’épidémie, pour arriver aujourd’hui à un stock d’épargne proche de son niveau d’avant le Covid-19.


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