Carnets de l'Economie

La Grèce met en place une semaine de travail de six jours pour stimuler la croissance économique




Anton Kunin
03/07/2024

La Grèce, connue pour ses crises financières passées, prend un tournant surprenant en instaurant une semaine de travail de six jours pour certaines entreprises privées. Cette mesure, controversée, vise à répondre à une pénurie de travailleurs qualifiés et à un déclin démographique préoccupant.


Un contexte économique et démographique alarmant

Les Grecs travaillant dans certains secteurs vont devoir venir travailler non plus cinq mais six jours par semaine. Le gouvernement pro-business du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis justifie cette réforme par une nécessité économique et démographique. La population grecque vieillit, et environ 500.000 jeunes qualifiés ont quitté le pays depuis la crise de la dette commencée en 2009. Cette fuite des cerveaux a laissé un vide significatif dans le marché du travail, accentuant la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Kyriakos Mitsotakis a décrit cette situation comme une « bombe à retardement démographique ». La nouvelle législation permet aux entreprises offrant des services 24 heures sur 24 de demander à leurs salariés de travailler un sixième jour, avec une majoration de salaire de 40% pour ces heures supplémentaires. Cette mesure est censée résoudre les problèmes de non-paiement des heures supplémentaires et de travail non déclaré, tout en alignant la Grèce sur les pratiques européennes.

La crainte d’un sixième jour de travail obligatoire

Les syndicats, cependant, s’insurgent contre cette réforme, la qualifiant de « barbare ». Akis Sotiropoulos, membre du comité exécutif du syndicat des fonctionnaires Adedy, critique cette décision, soulignant qu'elle va à l'encontre des tendances mondiales qui privilégient des semaines de travail plus courtes pour améliorer la productivité et la qualité de vie. Selon lui, de meilleures conditions de travail et une meilleure qualité de vie sont obtenues avec moins d'heures de travail, non pas plus.

En Grèce, où les inspections sur les lieux de travail sont rares, les critiques craignent que cette réforme ne marque la fin de la semaine de travail de cinq jours et permette aux employeurs d'imposer un jour supplémentaire de travail. De plus, la faible puissance des syndicats, affaiblie par les mesures d'austérité, réduit leur capacité à s'opposer efficacement à cette législation.

L’équité sur le marché du travail remise en cause

La mesure touche également les retraités, encouragés à reprendre une activité professionnelle pour subvenir à leurs besoins. Grigoris Kalomoiris, chef du syndicat des enseignants retraités (Pesek), dénonce cette situation où le gouvernement ferme les yeux sur le travail des retraités, obligeant les Grecs à travailler plus longtemps pour survivre. Il souligne que la majorité des Grecs, avec un salaire mensuel moyen de 900 euros, ne peuvent subvenir à leurs besoins jusqu'à la fin du mois.

Cette réforme soulève des préoccupations quant à l'équité pour les jeunes chômeurs grecs, qui peinent déjà à trouver un emploi. En mettant en œuvre cette mesure, le gouvernement, espère inverser la tendance et relancer l’économie, mais beaucoup craignent que cela n’aggrave encore la situation des travailleurs précaires.










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