Carnets de l'Economie

L’exportation de véhicules d’occasion vers des pays pauvres, un business lourd de conséquences




Anton Kunin
28/10/2020

Les pays en voie de développement achètent volontiers de vieux véhicules dont on ne veut plus dans les pays occidentaux. Mais au-delà de la promesse d’une bonne affaire, cette pratique est in fine préjudiciable aux populations de ces pays (pollution atmosphérique importante et accidents fréquents), pointe le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un nouveau rapport.


Le commerce transfrontalier de véhicules d’occasion nuit aux intérêts des Africains

Les pays de l’Union européenne, les États-Unis et le Japon adorent exporter vers des pays en voie de développement de vieux véhicules qui ne sont plus autorisés à rouler sur leur territoire, soit parce qu’ils ne passent plus le contrôle technique, soit parce qu’ils émettent tant de gaz à effet de serre que leurs législations nationales respectives ne permettent plus à ces véhicules de circuler. La majeure partie de ces véhicules sont importés par des pays africains (40%), par des pays d’Europe de l’Est (24%), d’Asie du Sud-Est (15%), du Moyen Orient (12%) et d’Amérique latine (9%), nous apprend un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).

Mais des véhicules de moindre qualité technique, c’est forcément plus d’accidents. 1,25 million de personnes décèdent chaque année à la suite d’accidents de la circulation dans le monde. Et c’est en Afrique, première destination des exportateurs de véhicules, que les chiffres sont les pires : 246.000 personnes y sont victimes d’accidents chaque année, et ce chiffre devrait s’élever à 514.000 d’ici 2030, d’après les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Importation de véhicules d’occasion : l’ONU appelle les pays en voie de développement à légiférer

Le PNUE appelle les gouvernements des pays développés à interdire l’exportation de véhicules qui ne passent pas le contrôle technique sur leur sol et ne satisfont pas aux exigences environnementales en place dans ces mêmes pays. Les pays en voie de développement sont, quant à eux, invités à légiférer sur les exigences minimum vis-à-vis des véhicules qu’ils peuvent ou non importer.

Certains pays d’Afrique ont déjà mis en place des standards minimum de qualité : on citera le Maroc, l’Algérie, le Côte d'Ivoire, l’île Maurice et Ghana. Le Ghana, qui semble avoir la politique la plus aboutie en la matière, priorise les carburants « propres » et achète petit à petit des bus électriques. Le Ghana a d’ailleurs été le premier pays africain à passer aux carburants à faible teneur en soufre. Et en octobre 2020, ce pays a fixé à 10 ans l’âge maximum des véhicules importables. Le Maroc et l’île Maurice ont eux aussi mis en place des politiques novatrices afin de privilégier dans leurs importations les véhicules les plus propres et les plus récents.