Carnets de l'Economie

Inégalités : les ménages pauvres paient souvent plus cher




Anton Kunin
19/10/2022

Si vous avez déjà entendu le dicton comme quoi « les pauvres paient deux fois », cela est en partie vrai, comme le met en évidence cette nouvelle étude de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté et de la Banque Postale, réalisée avec le soutien du Boston Consulting Group.


La « double pénalité » brute des pauvres s’élève à 1.536 euros par an

L’insuffisance de trésorerie entraîne pour les ménages pauvres un surplus de dépenses, créant un effet de « double peine », peut-on lire dans une nouvelle étude de l’association Action Tank Entreprise et Pauvreté et de la Banque Postale, réalisée avec le soutien du Boston Consulting Group. Malgré l’effet de compensation des prestations sociales, ce phénomène continue de toucher de nombreux foyers en France.

D’après les calculs des auteurs de cette étude, en 2022 la « double pénalité » brute annuelle s’élevait à 1.536 euros, soit 8,7% des dépenses. Après prise en compte de l’effet compensatoire des prestations sociales, cette « double pénalité » se réduit à 96 euros, soit 0,6% des dépenses.

L’effet de « double peine » est dû à plusieurs mécanismes

Dans le détail, les ménages modestes dépensent 312 euros de plus (soit +13,5%) par rapport à la médiane pour leurs transports, 231 euros de plus (soit +13%) pour leur logement (hors loyer) et 199 euros de plus (soit +16%) pour leurs assurances.

Alors, pourquoi un tel écart ? Plusieurs mécanismes sont à l’œuvre. Il y a tout d’abord un effet de volume, comme c’est le cas pour le gaz : le coût du kWh de gaz est plus élevé pour les petits consommateurs. Il y a aussi un effet d’exclusion, concernant la voiture par exemple : le coût d’usage est plus important pour des véhicules fortement kilométrés (voitures d’occasion, vers lesquelles se tournent souvent les ménages pauvres). Il y a ensuite un manque d’information ou de mauvais arbitrages : par manque d'information, les ménages pauvres ont des comportements de consommation en leur défaveur, comme la souscription d’une assurance qui n’est pas adéquate ou la double souscription entraînant un phénomène de « sur-assurance ». Il y a enfin un effet de localisation, qui se manifeste par exemple lors de la souscription d’une assurance habitation : comme les ménages modestes ne peuvent pas vraiment choisir où ils veulent louer leur logement, ils subissent des surprimes appliquées parfois par les assureurs en fonction du lieu de résidence.