Carnets de l'Economie

Forfait charges des APL : faut-il l’augmenter ?




Paolo Garoscio
09/04/2024

La forte augmentation des factures d’énergie depuis la Covid-19 et exacerbée par la guerre en Ukraine contraint les ménages à faire de plus en plus de choix stratégiques dans leurs dépenses. Et les plus précaires, qui bénéficient des APL, se retrouvent coincés : le forfait charges, inclus dans le montant des APL, n’a quasiment pas été revalorisé depuis des décennies...


Le forfait charges des APL : déphasé de la réalité ?

Initialement conçu pour soutenir les ménages locataires dans le paiement de leurs charges locatives, le forfait charges des APL, fixé à 58,08 euros mensuels en 2023 pour une personne seule est aujourd'hui perçu comme déphasé par rapport à la réalité des coûts énergétiques des ménages. L'association CLCV plaide donc pour une augmentation à 100 euros par mois.
« La facture d'électricité a connu une augmentation de 200% depuis 2006, avec une accélération notable de 45% au cours des deux dernières années », explique-t-elle. Or, le forfait charges, lui, n’a augmenté que de quelques euros : il s’établissait à 52 euros en 2006 et ne dépasse que de peu 58 euros en 2023.

Le gouvernement cherche... des économies !

La question du forfait charges des APL dépasse le cadre du simple soutien financier aux ménages. Elle interroge sur la capacité de l'État à ajuster ses politiques sociales en réponse à des phénomènes macroéconomiques tels que l'inflation ou les crises énergétiques. Le maintien de ce forfait à un niveau bas, en décalage avec la réalité des coûts supportés par les ménages, pourrait être interprété comme un indicateur préoccupant de la rigidité des politiques publiques face aux évolutions économiques.

« En 18 ans, le forfait n'a progressé que de 21%, contre 40% pour l'inflation sur la même période », souligne la CLCV qui a mis en ligne une pétition pour demander au gouvernement cette revalorisation et son indexation sur l’inflation. Toutefois, l’appel risque de rester sans réponse. Le gouvernement est en effet plutôt à la recherche d’économies, ayant annoncé plus de 30 milliards d’euros de réductions budgétaires pour 2024 et 2025 afin de tenter de limiter la casse face à une dette publique qui ne cesse de grimper et un déficit qui a largement dérapé en 2023.