Carnets de l'Economie

Depuis la dissolution, l'attractivité de la France en recul




Aurélien Delacroix
20/11/2024

L’attractivité de la France, longtemps saluée comme leader européen en matière d’investissements étrangers, montre des signes de fragilité. Près de la moitié des investisseurs interrogés dans une récente étude d’EY rapportent avoir reporté ou réduit leurs projets sur le territoire depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier.


Prudence accrue des investisseurs étrangers depuis juin

L’incertitude politique et les multiples réformes en cours jouent un rôle central dans le recul de l’attractivité de la France. Les investisseurs expriment des préoccupations quant à la stabilité législative, à la montée des coûts du travail et à l’évolution de la fiscalité. Pour Marc Lhermitte, associé chez EY, « personne ne veut tirer un trait sur la France », mais les décideurs internationaux adoptent désormais une posture plus prudente.

L’étude révèle que 84 % des investissements initialement prévus pour 2024 ont été reportés à 2025 ou au-delà. Les entreprises pointent plusieurs freins majeurs : le ralentissement des réformes, l’incertitude sur les politiques publiques et le coût du travail. Ces éléments, conjugués à la hausse de la pression fiscale et à des inquiétudes liées à la situation budgétaire, affaiblissent la compétitivité du pays.

Malgré ces obstacles, certaines perspectives restent encourageantes. Plus de 60 % des dirigeants envisagent d’investir dans des activités de recherche et développement d’ici 2027. Cependant, seuls 15 % projettent de développer des centres de décision, un chiffre qui souligne la nécessité pour la France de redorer son image auprès des grandes entreprises étrangères.

Des signaux positifs pour l'attractivité de la France, mais une stratégie à renforcer

Si les investisseurs se montrent critiques, ils continuent de reconnaître les forces structurelles de la France : compétences techniques, capacité d’innovation et infrastructures fiables. Ces atouts doivent être renforcés par des politiques claires et stables. Le président d’EY France, Jean-Roch Varon, insiste sur l’importance d’accompagner les PME dans leur transition écologique et numérique, tout en s’appuyant sur les recommandations européennes pour booster la compétitivité.

La récente proposition du gouvernement Barnier d’augmenter les aides à la décarbonation de l’industrie de 1,6 milliard d’euros est un pas dans la bonne direction. Toutefois, les investisseurs étrangers souhaitent des garanties sur la réduction des dépenses publiques et la stabilité des dispositifs comme le crédit d’impôt recherche.

Selon l’étude, 57 % des sondés estiment que l’attractivité de la France pourrait s’améliorer dans l’année à venir, mais à condition que des signaux forts soient envoyés. Il s’agit notamment de rassurer sur la fiscalité et de clarifier les priorités économiques du pays.










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