Carnets de l'Economie

Bruno Le Maire en Chine : entre opposition au « découplage » et l'enjeu du constructeur automobile BYD




Anton Kunin
01/08/2023

En visite en Chine, le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a balayé d’un revers de la main les débats sur le prétendu « découplage » économique entre l’Europe et la Chine, tout en mettant en avant l'importance du secteur des véhicules électriques, notamment concernant le constructeur automobile chinois BYD.


Le « découplage », une notion rejetée par la France

Face à l'interrogation de certains pays occidentaux sur leur dépendance vis-à-vis de la Chine, Bruno Le Maire affirme clairement : « Le découplage est une illusion ». Cette position du ministre français intervient quelques semaines après que Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, ait elle-même déclaré qu'un « découplage » entre les économies américaine et chinoise serait « pratiquement impossible ».

Bruno Le Maire a d’ailleurs rassuré les dirigeants chinois : le concept de réduction des risques (« de-risking »), populaire ces derniers mois dans de nombreux pays occidentaux, « ne signifie pas que la Chine constitue un risque ». « Cela signifie que nous voulons être plus indépendants. (…) Nous ne voulons pas nous rendre compte, comme nous l’avons fait lors de la crise du Covid-19, que nous sommes trop dépendants de certains composants très spécifiques », a-t-il déclaré.

Le dossier BYD, au cœur des préoccupations

Le secteur des véhicules électriques est particulièrement sensible pour la France. Bruno Le Maire a rappelé à ses interlocuteurs chinois que leurs investissements sont les bienvenus, surtout dans ce domaine. Cependant, il a réitéré son souhait que les subventions françaises aux véhicules propres ne bénéficient pas aux véhicules chinois, car ils sont produits avec une empreinte carbone élevée et nécessitent en plus un transport qui est lui aussi synonyme d’empreinte carbone élevée.

Le dossier BYD illustre parfaitement cet enjeu. Le constructeur chinois envisage de vendre 800.000 véhicules par an en Europe d'ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, une implantation locale est nécessaire. La France, l'Allemagne et l'Espagne sont en compétition pour accueillir cette usine. Bruno Le Maire a ouvertement invité BYD à investir sur le sol français, soulignant les avantages pour la marque, notamment en termes de décarbonation de sa chaîne de production.

Au-delà du débat sur le découplage, c'est bien la bataille industrielle et écologique qui est en jeu, et la France entend jouer un rôle majeur dans cette transition.