Carnets de l'Economie

Vers une suppression des frais bancaires sur certaines successions




Anton Kunin
20/02/2024

Dans un rare élan d'unité politique, le gouvernement a récemment affiché son soutien à une proposition de loi visant la suppression des frais bancaires sur certaines successions. Portée par les députés socialistes et prévue pour discussion à l'Assemblée le 29 février 2024, cette initiative trouve écho tant dans les rangs de l'exécutif que chez les différents acteurs du paysage politique français.


Un texte soutenu par l'exécutif et l'opposition

La proposition émanant de la députée PS Christine Pires Beaune, s'inscrit dans le cadre d'une journée dédiée aux initiatives socialistes à l'Assemblée, baptisée « niche parlementaire ». Elle prévoit la suppression des frais de clôture de comptes et de transfert des sommes aux héritiers, sous conditions spécifiques : lorsque le défunt est mineur ou que les montants en jeu sont inférieurs à 5.000 euros. Cette mesure, adoptée à l'unanimité en commission, bénéficie d'un large soutien, transcendant les clivages politiques habituels. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a exprimé son appui à cette loi, soulignant l'importance de ne pas ajouter à la douleur des familles endeuillées le fardeau des frais bancaires.

Le cas poignant de Léo, enfant décédé d'un cancer à l'âge de 9 ans, et dont la famille a été confrontée à des frais bancaires pour la clôture de son livret A, a été cité par le ministre pour illustrer l'injustice de la situation actuelle. Cette histoire tragique met en lumière la nécessité de réformes dans le traitement des successions, surtout dans des circonstances aussi douloureuses.

Une exonération des frais bancaires pour les petites successions

Au-delà de la suppression des frais pour certaines successions, la proposition de loi envisage également un encadrement des coûts pour les montants supérieurs à 5.000 euros. Cette initiative vise à garantir la gratuité des opérations simples, quelle que soit la somme, mettant en avant le principe d'équité. La députée Pires Beaune a souligné le manque de coopération du secteur bancaire et l'absence de données agrégées pour évaluer l'ampleur des frais appliqués, ce qui renforce l'argument en faveur d'une plus grande transparence réglementée par la loi.

L'engagement du ministère dans la rédaction et l'amélioration du texte montre une volonté de rendre la loi efficace et opérationnelle. Avec une telle dynamique de collaboration entre le gouvernement et l'opposition, ainsi que la perspective d'associer les parlementaires au décret d'application, cette proposition de loi pourrait marquer un pas significatif vers une gestion plus humaine et équitable des successions en France. La question reste cependant de savoir si cette initiative législative pourra véritablement transformer les pratiques du secteur bancaire, historiquement réticent à de telles réformes.