Carnets de l'Economie

Absentéisme : le fossé se creuse entre TPE et grandes entreprises




Anton Kunin
17/04/2024

Si l'absentéisme maladie revient à son niveau de 2021 en France, un contraste se dessine nettement entre les très petites entreprises (TPE) et les grandes entreprises. Ces dernières connaissent une diminution importante, tandis que les TPE voient leurs taux augmenter, constate Malakoff Humanis dans son dernier « Baromètre Absentéisme ».


Le taux d’absentéisme s’envole dans les très petites entreprises

42% des salariés français ont été arrêtés au moins une fois pour maladie en 2023, un chiffre qui correspond à celui observé en 2021 mais qui reste inférieur à l'année exceptionnellement haute de 2022, apprend-on du dernier « Baromètre Absentéisme » de Malakoff Humanis. Cette stabilisation globale masque cependant des réalités très différentes selon la taille des entreprises. En effet, les TPE, qui comptent moins de 10 salariés, enregistrent une augmentation significative de leur taux d'absentéisme, passant de 30% en 2021 à 40% en 2023. À l'inverse, les grandes entreprises, celles comptant plus de 1.000 salariés, voient leur taux baisser de 16 points sur la même période, passant de 49% à 33%.

Ce phénomène pourrait s'expliquer par une capacité plus grande des grandes entreprises à mettre en place des mesures de prévention efficaces, ainsi que par une gestion plus rigoureuse des arrêts de travail. Les grandes entreprises bénéficient souvent d'une infrastructure qui permet un contrôle plus strict des absences et une promotion plus active de la santé au travail.

Les grandes entreprises sont mieux armées pour endiguer la vague de l’absentéisme

Dans les petites entreprises, plusieurs facteurs contribuent à l'augmentation de l'absentéisme. Le manque de flexibilité, comme le faible recours au télétravail, joue un rôle prépondérant, notamment dans des secteurs où le télétravail ne peut pas être mis en œuvre, comme le commerce ou la restauration. Par ailleurs, l'engagement des salariés dans les petites entreprises, bien que toujours relativement élevé, a tendance à diminuer, passant de 55% en 2020 à 48% en 2023. Cette érosion peut être liée à des facteurs de fragilité accrue, tels que des difficultés financières ou des situations familiales complexes.

En contraste, les grandes entreprises intensifient leurs efforts en matière de prévention, notamment contre les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux. Elles bénéficient également d'une meilleure adéquation entre les politiques de santé au travail et les besoins de leurs salariés, permettant ainsi de réduire significativement leur taux d'absentéisme. La mise en place de programmes de bien-être au travail et le suivi rigoureux des arrêts maladie sont d'autres atouts qui favorisent un environnement de travail plus sain et plus productif.