​Saint-Nazaire, l’éolien offshore a le vent en poupe



Paul de Magnitot
26/06/2019

Quelques jours après la validation du projet par le Conseil d’État, le parc Éolien de Saint-Nazaire ne cache pas son soulagement avant le début des travaux en 2020 pour une mise en service prévue deux ans plus tard. Malgré les recours véhéments, notamment d’associations environnementales et de groupements de résidents secondaires, le feu vert a bien été donné par François de Rugy le vendredi 14 juin.


Les chiffres

Situé entre 12 et 20 km des côtes, le parc sera constitué de 80 éoliennes pour une puissance totale de 480 MW, soit environ la moitié de la production d’un seul réacteur nucléaire performant. Cette production répond à 20 % de la consommation totale du département Loire-Atlantique, l’équivalent de 700 000 habitants. Le coût total du projet est estimé à 2 milliards d’euros. L’emplacement au large de Saint-Nazaire, offre deux principaux avantages : un vent fort et régulier dans un secteur peu profond ainsi que la proximité d’un port de grande capacité. Ce précurseur du renouvelable s’inscrit dans la transition énergétique de la France et consolide l’objectif des 32 % d’énergies renouvelables en France à l’horizon 2030.

​Les acteurs locaux

De nombreuses interrogations ont été soulevées par le projet qui se veut respectueux des enjeux locaux : pêche, sécurité maritime, tourisme. Les différents acteurs dans ces domaines bénéficieront de plus de 8 millions d’euros par an d’EDF pour alléger l’impact du projet. De quoi faire changer certaines opinions et aplanir les dernières oppositions. Comme l’édicte l’article 1519 B du code général des impôts (CGI), chaque exploitant se verra imposé d’une « Taxe sur les éoliennes maritimes » dépendantes du nombre de mégawattheures installés. Cette manne financière sera reversée à 50 % aux communes littorales d’où les installations sont visibles, à 35 % aux comités de pêches professionnelles. Le reste sera dédié aux organismes de secours et de sauvetage en mer et au financement de projets concernant le développement durable.
 
Tout d’abord, le parc de 78 km2 ne se situe pas sur les principales zones de pêches afin de limiter au maximum son influence sur l’activité de ces derniers. De plus, les pêcheurs devraient pouvoir continuer à exercer dans le parc sous certaines conditions. Ensuite, de nombreuses études ont été menées aussi bien sur les conséquences environnementales que sur l’intégration au paysage. Ainsi, des simulations de photomontages ont été faites à plus de 30 emplacements différents. Les réalisateurs affirment cependant que la visibilité du parc est extrêmement variable en fonction des conditions météorologiques. Malgré la distance minimum 12 kilomètres minimum, les éoliennes demeurent relativement visibles, se démarquant du paysage naturel. De nombreux habitants des communes alentour sont encore dubitatifs.

L’étude environnementale n’a pas été négligée non plus en prenant en compte les aspects de biodiversité et des mouvements marins. Mammifères, oiseaux, ou encore ressources halieutiques ne semblent donc pas touchés par les vibrations ou par les bruits engendrés par le parc. Par ailleurs, durant les travaux, des systèmes de détection et d’éloignement des espèces seront mis en place pour éviter leur exposition aux nuisances durant cette période. Le futur nous montrera si l’écosystème cohabitera comme prévu avec le parc, mais malgré les études, des incertitudes demeurent.

​Une source d’emploi conséquente

D’après les estimations, 7000 emplois devraient être créés à plus ou moins long terme grâce au projet. Des usines et des centres de recherches vont être ouverts dans la région nantaise. La production, la maintenance, l’ingénierie seront autant de domaines qui vont se développer autour du parc dans les prochaines années. Mais il y aura aussi beaucoup d’autres emplois créés indirectement dans le cadre de ce programme.

Que du positif ?

Lionel Taccoen, figure de l’industrie énergétique, tempère les ardeurs autour de ce projet en soulignant les nombreuses limites  de l’éolien. Ainsi, l’ancien représentant d’EDF dénonce une production d’électricité faible et irrégulière, une durée de vie relativement courte ainsi qu’un gain écologique minime. Une vision qui contraste avec les nombreux échos positifs autour du premier parc offshore Français.