​Fonction achats : une professionnalisation en prise directe avec la révolution des échanges



La Rédaction
12/06/2019

La fonction achats est centrale pour l’entreprise. Elle s’est largement professionnalisée depuis les années 60. À l’origine de cette mutation, la nécessité d’une plus grande rigueur budgétaire face à une compétition économique accrue, la pression normative européenne, le poids croissant des situations de crise imputables à des fournisseurs défaillants.


À l’écoute des besoins des services de production au sein de l’entreprise, la fonction achats requiert de la part de son responsable, à la fois une bonne vision technique pour la compréhension des processus et un savoir-faire financier pour négocier le prix au mieux des intérêts de l’entreprise. C’est l’équilibre entre le facteur de qualité et de prix qui est déterminant. S’y ajoutent de manière croissante les questions d’éthique. On parle désormais d’achats responsables ou durables avec la prise en compte, chez le fournisseur, des critères d’exigence et de transparence dans les domaines de l’environnement et du social. Le fournisseur est devenu depuis les années 90 un véritable partenaire, une ressource externe qu’il faut manager. Comme l’indique Bruno Crescent, ancien directeur des achats d’EDF : « avec la professionnalisation de cette fonction, ont été également mises en place des règles renforcées et mieux adaptées aux enjeux économiques et éthiques des entreprises  ».
 
Dans le contexte actuel de risques multi sources, il est admis que la fonction Achats doit désormais intégrer la gestion des risques dans son approche, ce d’autant que les achats responsables intègrent également la nécessaire lutte contre la corruption. Ceci a comme conséquence, la mise en place d’une veille dynamique autour de ses fournisseurs et de leur environnement. La pratique des « due diligences » est, dans ce contexte, indispensable à la sélection d’un fournisseur. Elle représente un facteur clé, sinon une garantie absolue, d’effectuer un tri pertinent entre les pratiques des uns et des autres, en intégrant des critères comme l’attitude des dirigeants, la situation financière de l’entreprise, le contexte local.
 
Mais cette approche ne se limite pas au processus de référencement, elle intègre également un suivi permanent des éléments de contexte et du niveau de risque. En ce sens, la veille et la cartographie des menaces sont des outils nécessaires à l’exercice. La présence humaine, l’intelligence de la relation, résultent de cette approche combinée. Elle s’accompagne d’un besoin de dialogue constant avec le fournisseur et doit permettre de sentir intuitivement l’évolution de la situation.
 
Pour autant, la fonction achat n’a pas encore fini d’évoluer. Aujourd’hui, la complexité des interactions entre tous les acteurs du marché impacte les missions dévolues à l’acheteur. Cet état de choses renforce l’absolue nécessité de grouper les achats et l’intervention de la normalisation renforce un peu plus la complexité de l’exercice. On citera la norme Iso 26000 pour les principes de responsabilité sociétale et la norme Iso 20400 pour les processus d’achat responsable. Des achats centralisés sont le gage d’une meilleure conformité et d’une cohérence de l’organisation.
 
Les évolutions technologiques rapides et leurs conséquences sur les relations commerciales font donc du directeur des achats, en plus de ses compétences métier, un acteur au centre de nombreux flux d’informations. « Le collaboratif, la transversalité, le partage des connaissances sont des éléments clés. Notre organisation Achats fonctionne déjà comme un réseau social et dans ce réseau l’acheteur doit faire preuve d’intelligence cognitive » (DA Bouygues Construction). L’acheteur doit donc posséder de multiples qualités. Rigoureux et attentif aux évolutions légales, sensible aux flux d’informations qui lui parviennent et à l’écoute, proactif, car il lui est demandé d’accompagner la transformation rapide du modèle économique de l’entreprise.
Il doit être capable de sélectionner et de gérer des fournisseurs dans son pays, mais également à l’international, qui seront aptes à s’adapter aux nouveaux modes de fonctionnement des marchés et destinés à devenir de véritables acteurs stratégiques et business au côté de l’entreprise.