Véhicules d’entreprise : les réductions fiscales dans le viseur



Anton Kunin
06/10/2020

Les réductions fiscales accordées aux entreprises pour l’achat de véhicules freinent la conversion du parc à l’électrique et amputent les finances publiques de fonds qui auraient pu servir à construire des stations de recharge, pointe l’ONG « Transport & Environnement ».


Les réductions fiscales pour l’achat de véhicules d’entreprise, un pactole de 2,5 milliards d’euros en France

C’est un fait : les entreprises sont les principaux acquéreurs de véhicules en Europe. Et elles y trouvent leur compte. D’une part, la fourniture d’une voiture de fonction constitue souvent l’un des avantages en nature proposés par les employeurs pour attirer les meilleurs candidats cadres. D’autre part, contrairement aux ménages, les entreprises bénéficient d’importantes réductions fiscales lorsqu’elles achètent un véhicule (à savoir une réduction de la TVA couplée à des dotations pour amortissement).

Si le champion (en volume) de ces facilités fiscales est l’Allemagne (12 milliards d’euros), avec 2,5 milliards d’euros, la France occupe elle aussi une place « honorable » dans le palmarès, se rangeant loin devant les Pays-Bas et l’Italie (1,6 milliard chacun). D’après les calculs de l’ONG « Transport & Environnement », à l’échelle de l’Union européenne, ces avantages se chiffrent à 32 milliards d’euros par an.

Les entreprises jouent un rôle considérable dans l’adoption de voitures électriques par les ménages

Logiquement, le subventionnement de l’achat de véhicules a pour conséquence une multiplication de voitures sur les routes, ce qui implique plus d’embouteillages et plus de pollution. D’après les calculs de « Transport & Environnement », pris dans leur ensemble, les véhicules d’entreprise à travers le continent européen sont responsables de l’émission de 44,2 millions de tonnes de CO2 par an. Et pourtant, si elle veut démocratiser la voiture électrique, l’Europe a besoin de construire de toute urgence des stations de recharge, un chantier auquel ces 32 milliards d’euros pourraient être très bénéfiques.

N’oublions pas non plus l’achat de véhicules électriques eux-mêmes. Selon « Transport & Environnement », l’équipement des entreprises en véhicules électriques est un chantier d’autant plus important que la durée moyenne de détention d’un véhicule par une société est de seulement quatre ans. La plupart de ces véhicules encore en bonne condition sont ensuite vendus à des particuliers (il faut savoir qu’un Européen moyen a tendance à acheter une voiture d’occasion plutôt qu’une voiture neuve). En faisant le choix de l’électrique, les entreprises pourraient donc jouer un rôle non négligeable dans l’adoption des véhicules électriques par les ménages.