Un testing met au jour des discriminations dans les banques



Aurélien Delacroix
22/09/2017

Une opération de « testing » organisée à l'initiative de la ville de Villeurbanne montre que les établissements bancaires nourrissent eux aussi des discriminations au moment d'étudier les dossiers de crédits.


Le client supposé « sans origine migratoire » recevra plus d'informations et de conseils que l'homme supposé comme « origine subsaharienne » pour l'obtention d'un prêt immobilier, selon cette étude d'ISM Corum, une première en France. En ce qui concerne un créateur d'entreprise « supposé comme d'origine maghrébine » recherchant des informations sur un crédit, il n'a rien obtenu, « ni sur le taux d'intérêt, ni sur la durée de remboursement conseillée (et a fortiori n'a jamais reçu de simulation) » relève ce testing. Autant dire que le projet de ce client est fortement entravé.

 

Cette enquête indique aussi qu'il existe une différence de traitement envers les femmes pour un crédit en vue d'une création d'entreprise, mais elle présente « moins d'acuité » qu'avec les origines ethniques du client. L'étude a présenté 90 tests sur douze banques situées dans l'agglomération lyonnaise. Selon Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne qui dénonce l'opacité des agences bancaires, « il y a l'idée que les banques, menées par une logique uniquement économique, seraient à l'abri des discriminations et que l'obtention d'un prêt serait déterminée par des critères objectifs. Or, il s'avère que non ».

 

Du côté de Fédération bancaire française (FBF), on dénonce certes « l'approximation de la méthode et la grande imprécision des résultats ». Toutefois, « si certains cas de discrimination étaient avérés, nous ne pourrions que les condamner vigoureusement » précise l'organisation à l'AFP. La FBF en appelle au Défenseur des droits pour établir un diagnostic et pour travailler sur les points d'amélioration possibles.